8 ans déjà !

Cela fait 8 ans que les principaux standards du eLearning (SCORM et AICC) n’ont pas subi de modification majeure. Le dernier né, SCORM 2004, a certes connu quelques révisions (4 éditions), mais rien de très significatif.

Pire : dans bien des cas, c’est son prédécesseur (SCORM 1.2) qui est appliqué, faute d’une adoption généralisée de SCORM 2004. Quant à AICC (on devrait dire AICC CMI-1), il reste utilisé dans quelques cas spécifiques auxquels SCORM ne répond pas.

Depuis 8 ans, nous nous accommodons donc de cette cohabitation entre 3 standards supposés faire à peu près la même chose.

Mais au fait, que sont-ils supposés nous apporter ?

J’irai directement à l’essentiel : SCORM et AICC ont été inventés pour assurer la traçabilité des activités pédagogiques. D’accord, mais pourquoi tracer ?

Dans certains cas, parce que c’est obligatoire pour des raisons de règlementation. C’est d’ailleurs la raison d’être d’AICC CMI-1, standard issu d’un monde aéronautique très contrôlé. Mais ce cas de figure ne représente aujourd’hui pas la majorité des situations.

Dans d’autres cas, ce sont les raisons pédagogiques qui prévalent. En d’autres termes, suivre la progression de l’apprenant pour pouvoir l’accompagner, par des moyens automatiques ou humains. L’intention est noble. Mais livrez-vous à un petit exercice : faites un sondage auprès des pédagogues que vous connaissez et demandez leur ce que SCORM ou AICC leur apporte ? Les réponses devraient varier entre réaction dubitative, ignorance du sujet et rejet catégorique d’un sujet trop technique.

Le constat est donc assez dur : en dehors des situations où la traçabilité est une obligation, les possibilités de SCORM et AICC sont sous-exploitées car incomprises. En d’autres termes, ces standards ont raté leur cible.

Une nouvelle vague de standards se prépare…

Avez-vous déjà entendu parler de Tin Can et CMI-5 ? Il s’agit de 2 nouveaux standards actuellement en préparation, dont l’ambition est de remplacer SCORM et AICC. Le premier – Tin Can – est développé par ADL, organisme à l’origine de SCORM. Le second – CMI-5 – est développé par l’AICC, organisme à l’origine d’AICC CMI-1.

Ces 2 standards tentent de répondre à des constats assez simples :

  • Les contenus pédagogiques ne sont plus nécessairement joués dans un navigateur : pensez aux applications pour mobile, voire aux simulations et autres Serious Games immersifs, installés sur votre ordinateur.
  • Les types d’activités pédagogiques varient fortement en forme et en complexité. Les données de suivi spécifiées par SCORM et AICC doivent donc évoluer, par exemple pour prendre en compte les activités informelles ou refléter la richesse des interactions d’un Serious Game.
  • Les apprenants n’évoluent pas dans un seul environnement d’apprentissage, mais dans une multitude de systèmes plus ou moins formels (ex. un LMS, Facebook, des blogs, etc). Cette diversité d’expérience devrait pouvoir être suivie et synthétisée sous forme de rapports.

Que faut-il en penser ?

Les futurs standards prennent donc en compte un univers numérique qui a fortement évolué. Il sera ainsi possible de rendre compte de pratiques pédagogiques plus diverses, plus complexes, prenant place dans un environnement technologique plus moderne. C’est une bonne chose.

Toutefois, je jugerai de la performance de ces standards en leur capacité à ne pas reproduire les erreurs de leurs prédécesseurs. En d’autres termes, il ne suffit pas d’offrir de nouvelles possibilités. Encore faut-il qu’elles apportent une réelle valeur ajoutéeet qu’elles soient comprises de l’ensemble des acteurs du eLearning (éditeurs, auteurs, pédagogiques, techniciens, etc).

Pour plus d’informations sur ce sujet

Pour aller plus loin : « Standards eLearning : Le Blog » – www.elearning-standard.com