Cela fait maintenant environ 5 ans que l’on parle (fort !) de serious game. Pas une journée ne se passe sans qu’un éditeur n’annonce la sortie d’un nouveau produit réalisé pour l’un de ses clients ou dans le cadre d’une suite de solutions de formation « sur étagère ». Et je ne vous parle pas des solutions de production de serious games qui commencent à poindre…Alors, le serious game a-t-il encore de belles années devant lui ? Ou va-t-il disparaître, comme d’autres modalités plus ou moins innovantes avant lui ? Petit éclairage objectif sur la situation suivi d’un avis tout à fait personnel…
Rapide historique
Cela fait plus de 10 ans maintenant que l’on entend parler de serious game. L’un des premiers produits ainsi baptisé était America’s Army en 2001. Le petit monde du e-learning, de la communication et du multimédia a alors détecté une brèche, a expérimenté, investi pour produire toutes sortes de serious games. Chacun y allant de sa terminologie d’ailleurs… Advergame, Businessgame, Edugame, Edumarketgame, Exergame, Newsgame, j’en passe et des meilleures….
De grands noms ont émergé : KTM Advance, Daesign par exemple, qui se sont imposés comme les leaders sur ce marché de niche. D’autres ont développé des solutions sur étagère : Crossknowledge, Cegos pour ne citer que les plus gros.
Nous avons ainsi vu passé de belles réussites (parfois) mais aussi de tristes déceptions que je ne citerais pas pour ne point me faire d’ennemis dans la profession. Mais enfin, pour résumer, j’ai parfois eu à tester des produits qui avaient été baptisés « Serious Games » simplement pour faire plaisir au donneur d’ordre : tout juste avions-nous affaire à du e-learning un brin scénarisé ou à un bête jeu dont l’intention pédagogique avait été perdue en route…
Ne nous voilons pas la face : certaines réalisations sont bluffantes, d’autres sont tout simplement une injure faite aux pédagogues.
Situation actuelle
Le nombre de serious games produits chaque année va croissant quand le nombre d’éditeurs positionnés sur cette niche s’est à peu près stabilisé. Après une période d’euphorie, où bon nombre d’éditeurs ont vu là une manne potentielle de business, il semble que nous soyons arrivés à une période plus posée. Cela correspond également à la « Crise » qui a du refroidir les ardeurs de quelques uns (se positionner dans l’édition de serious games nécessite des investissements importants, les levées de fonds sont plus délicates en ces temps troublés…).
Les années ont passé, certains éditeurs se sont professionnalisés, ont affûté leur méthodologie de travail, ont étoffé leurs équipes de véritables talents et les ont fait éclore. D’autres ont continué à travailler « à l’ancienne », considérant sans doute qu’un « serious game, ça n’est rien d’autre que du e-learning déguisé avec un peu de scénarisation »…
Conclusion personnelle…
Il est temps que le petit monde du serious game bouge et se réveille ! Il est temps que l’inventivité prenne le pas sur la grisaille et cette fichue crise. OSEZ ! Osez les scénarios ambitieux, les technologies nouvelles. OSEZ ! Osez demander à vos prestataires des histoires et des produits qui sortent de l’ordinaire.
Si vous ne le faites pas, le serious game va mourir de sa belle mort. Non pas en disparaissant purement et simplement des écrans radars, mais en se fondant, pépère, au milieu des autres modalités de formation. Du e-learning (à peine) amélioré à l’efficacité criticable et au ROI douteux…
Le serious game mérite mieux que cela ! Des petites sociétés l’ont compris et tentent des expériences vraiment intéressantes : je pense à Succubus ou à Tanukis par exemple.
Voyons plus loin
Je disais il y a peu à une jeune femme férue de nouvelles technologies qu’à mon sens, « dans 3 ou 4 ans, on n’entendra plus parler de serious game ». Pas dans le sens où le serious game n’existera plus, mais parce qu’il se sera fondu au milieu des autres modalités.
Et demain ? Demain, l’on inventera d’autres choses, d’autres modalités, d’autres solutions qui s’appuieront sur d’autres supports que l’on imagine même pas encore ! Lorsqu’on m’a parlé pour la première fois, il y a 4 ou 5 ans des tablettes tactiles, j’ai rêvé et j’avais sans doute hâte qu’elles arrivent : elles sont là à présent ! Et je m’en sers tous les jours ! Et l’on commence enfin à concevoir et produire des outils de formation spécifiques à ces outils, jouant sur les possibilités techniques offertes par ces derniers.
Que va-t-on voir apparaître demain ? Les portables et les tablettes vont peut être disparaître pour des outils plus légers : on parle de feuilles de papier devenant écrans tactiles ? (http://www.youtube.com/watch?v=HU2nG9qy6vs)
Google vient de lancer ses lunettes interactives ? (http://www.youtube.com/watch?v=wmdymF2ufTY)
Bientôt des interfaces telles que celles imaginées dans Minority Report ? http://www.youtube.com/watch?v=lP1JW3r_aPM
Bref…je ne sais pas de quoi demain sera fait, ni si ces technologies, aussi innovantes soient-elles seront utilisées à bon escient d’un point de vue pédagogique…
Mais telle l’enfant que j’étais, et d’un point de vue purement technologique, je suis quand même heureuse de vivre au XXIème siècle pour voir tout ça !