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La place de l’apprenant dans la conception d’un module e-learning 1

Où vous allez découvrir comment la Bourse nous en apprend sur le travail de concepteur pédagogique

Le concours de beauté

L’économiste John Maynard Keynes (1883-1946) avait l’habitude de raconter une histoire pour faire comprendre un des mécanismes pivots de la Bourse : le concours de beauté.

Imaginez : connu pour la sagacité de votre jugement et l’élégance de vos goûts, vous avez été convié à participer au jury d’un concours afin d’élire le plus beau visage parmi vingt candidates toutes plus éblouissantes les unes que les autres.
Oui mais voilà, à votre grand étonnement, on ne vous demande pas de juger de la beauté de leur visage selon votre goût personnel. Non, on vous demande de choisir le visage qui recevra le plus de suffrages parmi tous les votants du jury.
C’est un exercice auquel rien ne vous a habitué jusque là : il va s’agir pour vous d’anticiper le goût majoritaire.

Intégrer la logique de l’apprenant

Selon Keynes, c’est exactement ainsi que fonctionne la Bourse et ainsi que travaillent les courtiers. Celui qui fait mieux fructifier son portefeuille de titres que son concurrent n’est pas nécessairement celui qui a les titres les plus sûrs. C’est plus certainement celui qui acquiert les titres vers lesquels tout le monde va se ruer sous peu. Celui qui devine ce que seront les besoins à venir du plus grand nombre.

Cette attitude, c’est aussi celle que vous devez avoir au moment de concevoir le synopsis d’un module de formation. Pour qu’il touche le plus grand nombre d’apprenants, pour qu’il réponde au mieux à leurs interrogations et à leurs besoins, il ne faut pas s’arrêter aux questions que vous vous poseriez à leur place. Il faut plutôt faire tout votre possible pour intégrer leur propre logique. Cela demande d’avoir une connaissance fine de trois facteurs :
–    leur niveau de connaissances
–    leurs méthodes de travail
–    leurs modes de pensée
Connaissant ces trois variables, vous serez mieux à même de percevoir les problématiques des apprenants et d’y répondre. Et pour acquérir cette connaissance, rien ne vaut l’échange avec quelques-uns d’entre eux !

Pour découvrir comment mettre cet enseignement en pratique, rendez-vous le mois prochain avec la seconde partie de cet article…

La subjectivité… : la fidèle compagne du concepteur

Prendre des décisions, faire des choix, sur les orientations pédagogiques, sur les contenus, sur les médias utilisés, sur le dimensionnement des médiations, tel est le travail du concepteur de FOAD.

Les options définies peuvent alors être soigneusement consignées sous forme de plans et devis qui serviront de fil rouge aux différents acteurs intervenant dans la mise en place de la formation ainsi décrite.

Choisir c’est dans un premier temps collationner les possibles, puis les trier, les organiser, en ignorer certains, en valoriser d’autres. Lors de cet exercice, le concepteur joue de, et est joué par, sa subjectivité autant que par ses représentations du contexte. Convaincu des avantages de la pédagogie par projet, il pourra minorer la mise à disposition de ressources de type générique, préférant les outils synchrones, il en viendra à négliger le rôle d’un forum, gardant comme idéal pédagogique la situation présentielle, il multipliera les échanges synchrones au risque de rendre la formation moins accessible.

Il y a un domaine où la subjectivité semble la moins supportable, c’est celui de l’évaluation. Et pourtant… Dans son article, déjà ancien, « L’indispensable subjectivité de l’évaluation » http://www.fmgerard.be/textes/SubjEval.pdf François-Marie GERARD démontre comment la subjectivité du concepteur de l’évaluation intervient à de nombreuses reprises : le choix du type de décision et de l’objectif de l’évaluation, le choix des critères, le choix des indicateurs, le choix de la stratégie, l’examen de l’adéquation entre indicateurs et critères, ou la question du sens. « Il est vain de vouloir éviter cette subjectivité.

Bien plus, il faut en avoir pleinement conscience, et savoir que c’est parce qu’il y a cette subjectivité que l’on peut parler d’évaluation. Mais il faut être réellement conscient des choix qui sont faits, savoir pourquoi on fait tel choix plutôt qu’un autre, savoir quelles sont les implications des choix effectués, vérifier que ces choix permettent de préparer la décision consécutive à l’évaluation de la manière la plus rigoureuse possible,… »

La subjectivité est la compagne fidèle du concepteur. Et bien acceptons-la, mais n’en soyons pas les dupes, tant il est vrai que la plus grande des subjectivités serait de se croire objectif.

Ceci ne veut pas pour acceptation de l’arbitraire, ça en est précisément le contraire. L’arbitraire se manifeste à chaque fois que la démarche adoptée n’est ni consciente, ni rigoureuse, ni critique. La prise de conscience de sa subjectivité permet de prendre conscience de ses biais par une critique rigoureuse de sa pratique. Plusieurs méthodes peuvent permettre cette conscientisation. D’une part, la tenue d’un journal professionnel qui, au fil des missions, permet de collationner nos différents ressentis, ce qui nous a plu et déplu, ce qui a été réussi, ce qui l’a moins été et pourquoi.

D’autre part, des outils comme les cartes mentales sont également susceptibles de nous donner à visualiser nos représentations.

Enfin, l’échange avec ses pairs, objectif à part entière du réseau Learning Planet, constitue une très bonne manière non seulement d’identifier ses préférences de concepteur mais également en découvrant celles des autres d’augmenter son capital de stratégies.

Si concevoir c’est choisir, c’est le partage qui permet d’augmenter les options du choix et donc de mieux concevoir en toute subjectivité conscientisée.

Le Top 100 des outils pour le e-learning

Tous les ans, Jane Hart établit le top 100 des outils utilisés par les professionnels de la formation en ligne.

Jane Hart est la fondatrice du C4LPT (Center for Learning & Performance Technologies), qui est un site sur la formation en ligne très fréquenté sur la toile.

Ce top 100 existe depuis 4 ans et permet de suivre les tendances d’utilisation des différents outils. Ce sont 545 professionnels du secteur qui, en 2010, ont répondu au questionnaire de Jane.

Pour le consulter, c’est ici.

L’on remarque ainsi que :

  • Twitter est aujourd’hui en première position pour le 2ème année consécutive (43ème en 2007, 11ème en 2008 et 1er en 2009).
  • Amplify fait son entrée à la 51ème place. Plate-forme d’échange de contenus et de conversations
  • Vimeo apparaît également, à la 70ème place. Outil de partage de vidéos

Et bien d’autres que je vous invite à découvrir !

Les particularités de la lecture sur écran

Les études fondées sur l’oculométrie (ou eye-tracking) nous en apprennent beaucoup sur les différences entre lecture écran et lecture papier.

Les stratégies de l’œil

En effet, l’œil met en place des stratégies pour lire un texte que l’écran malmène plus ou moins. D’une part, selon le lecteur, l’œil se pose sur plus ou moins de mots dans un même texte ; il peut également avoir tendance à lire le haut des lettres ou encore à saisir un mot dans sa globalité indépendamment de l’ordre des lettres à l’intérieur dudit mot.

D’autre part, quel que soit le lecteur cette fois, l’œil ne peut fixer en règle générale que quatre lettres à la fois (cela explique que la simplicité du vocabulaire influe sur l’intelligibilité d’un texte). En revanche, son champ visuel s’élargit d’une zone attentionnelle, dénommée « empan visuel« , en amont mais surtout en aval du mot fixé, qui permet d’anticiper sur ce qui va être lu par la suite.

Les contraintes du net

Par ailleurs, l’aspect visuel de l’écran (luminosité, contraste, scintillement) entraîne une perturbation oculaire et donc une dégradation de la prise d’information. L’œil n’atteint pas le centre du mot lorsqu’il le fixe, à l’instar d’une lecture sur papier, si bien qu’il doit se fixer non pas une mais deux fois. Cette multiplication des fixations visuelles le fatigue naturellement.

Le système du scrolling, quant à lui, minimisant la mémorisation spatiale, rend plus difficile la rétention d’information et diminue donc l’efficacité de la lecture. Enfin, les liens hypertextes, ajoutant de la profondeur à un texte, ont tendance à provoquer une désorientation cognitive pour le lecteur qui s’y plonge.
Ces études avancent ainsi l’idée que, compte tenu des techniques aujourd’hui à disposition, la lecture sur écran semble davantage réservée à la recherche d’informations qu’à la lecture prolongée.

(Pour plus d’informations, lire notamment l’ouvrage de Thierry Baccino,  La lecture électronique, aux Presses universitaires de Grenoble)

(Ré-)internaliser la conception de vos projets e-learning en utilisant la Formation-action

Une tendance tend à se développer : internaliser (ou ré-internaliser) la conception d’un projet e-learning…

Une tendance qui tend à se développer aujourd’hui que le marché du e-learning est plus mature et les acteurs plus nombreux, consiste à ne plus sous-traiter l’ensemble de la conception d’un projet e-learning mais au contraire à l’internaliser, du moins partiellement. Si la navette entre internalisation et externalisation est quelque chose de facilement repérable et classique dans de nombreux secteurs d’activités, ceci est relativement nouveau pour le e-learning où il y a encore peu, le seul recours d’un porteur de projet était de le sous-traiter entièrement.

C’est bien évidemment chez les professionnels de la formation (écoles, centre de formation, instituts…) que cette tendance est la plus marquée. Une des principales raisons de cette internalisation est relative à la volonté de voir traduites fidèlement leurs approches pédagogiques et leurs préférences méthodologiques dans le produit final. Aussi, c’est l’étape « construire » de ladémarche Qualité de Learning Planet qui est la première impactée par ce phénomène.

Parce que, les compétences internes ne sont pas toujours existantes, il s’agit alors pour les experts intervenant en assistance, d’offrir des services qui permettent l’évolution professionnelle des personnels les plus concernés(consultants internes, formateurs, responsables pédagogiques…). De la détermination et la rédaction des objectifs, en passant par l’analyse des ressources existantes, l’inventaire de celles à produire, la granularisation du contenu, la scénarisation des parcours, pour aboutir à la production des story-boards, les actions dans lesquelles les besoins d’assistance se font sentir sont nombreuses.

N’hésitez pas à contacter les consultants learning-planet pour vous aider dans votre tâche. En ce qui me concerne, de part mes différentes expériences de ce type de mission (Janssen Cilag, ESSEC, HSC, Sanofi-aventis…), la formule de la formation-action m’apparaît la plus adaptée.

La formation-action ambitionne une autre relation au savoir et à la construction des connaissances.

Les apprenants deviennent les acteurs essentiels de leur processus de formation. Pour ce faire, ils se rassemblent et constituent un groupe-acteur auprès duquel le formateur intervient essentiellement comme accompagnateur et facilitateur. A cet égard, les fonctions du formateur s’apparentent à celles des tuteurs et des médiateurs dont les interventions relèvent de la relation d’aide.

La formation-action consiste donc à engager un travail d’apprentissage à partir d’une action motivante et mobilisatrice pour le groupe.La formation-action se propose de former dans, par et pour l’action.

La formation dans l’action indique la temporalité du parcours d’apprentissage.

La formation par l’action renvoie à l’empirisme et au pragmatisme et de manière plus générale à la reconnaissance du savoir pratique comme initiateur de savoir théorique.

La formation pour l’action précise la finalité heuristique du processus d’apprentissage qui vise l’amélioration des pratiques du groupe-acteur par sa mise en mouvement et sa pratique réflexive.

Ainsi, la formation-action a pu être définie comme reposant sur deux concepts essentiels : l’action porte en elle-même le processus de formation, faire pour apprendre, faire c’est apprendre ; l’action, réelle et concrète, est de type projet à réaliser ou problème à résoudre.

Les stratégies pédagogiques employées en formation-action relèvent de différents concepts

Les stratégies pédagogiques employées en formation-action relèvent de différents concepts : la dynamique de groupe, la construction des connaissances par négociation du sens entre tous les acteurs, la collaboration.

Si vous aussi, vous souhaitez mieux maîtriser la ligne pédagogique de vos produits e-learning, être en mesure de transférer vos savoir-faire en conception pédagogique à la production de formations en ligne, créer les conditions en interne d’un futur département e-learning, c’est avec grand plaisir que nous vous proposons de nous contacter pour co-construire votre formation-action.

Pourquoi parle-t-on autant des serious games ?!!

L’année 2010 semble être une année charnière pour le petit monde de la formation à distance. Les formateurs, tuteurs, responsables RH et responsables formation, après avoir du s’adapter au e-learning ces dix dernières années, commencent à s’intéresser aux serious-games. Mais pourquoi un tel engouement ?!

Notre rapport à la formation change…

C’est aujourd’hui un fait : notre rapport à l’information a changé, et avec lui, notre rapport à la connaissance et à la formation.

En effet, notre société est toute entière tournée vers les nouvelles technologies et le multimédia : tous les grands journaux nationaux ou presque ont à présent un site internet mis à jour en temps réel, des sites d’informations online ont fleuri (Rue 89, Mediapart etc.), certains sont même alimentés par les internautes eux-mêmes (Le Post).

L’information est autour de nous, partout, sur des sites plus ou moins officiels, des forums, des communautés, des réseaux sociaux, sous forme d’articles, de vidéos, de podcasts, de témoignages et les internautes que nous sommes prennent l’habitude d’utiliser et de croiser tous ces canaux d’information. Les moyens d’accès se multiplient également : le PC de bureau, celui du domicile, un ordinateur portable en voyage d’affaires, un smartphone voire une tablette type iPad.

Un modèle formatif en mutation

Face à ces changements d’habitude et de posture, le monde de la formation doit s’adapter. Car les apprenants souhaitent à présent être « acteurs » de leur formation : ne plus accueillir voire subir un savoir mais au contraire, aller à sa rencontre, le rechercher, le pister, le débusquer pour mieux l’intégrer.

L’apprenant d’aujourd’hui est donc un habitué de l’internet et du multimédia qui décide de son cheminement vers le savoir, de son rythme et multiplie les sources en fonction de ses goûts, de sa personnalité et de ses objectifs personnels.

En matière de formation, le modèle classique de transfert de connaissances du « sachant » vers « l’apprenant » n’est plus en phase avec les attentes des entreprises et des collaborateurs. En effet, de plus en plus de sociétés constatent que leurs collaborateurs, quoique demandeurs de formations, peinent à prendre place dans une salle pour des sessions de un à plusieurs jours.

Plusieurs causes peuvent expliquer cet état de fait : citons seulement le manque de temps (le temps passé à se former ne l’est pas à tenter d’atteindre ses objectifs de vente…) mais également le manque d’ « envie ». Les formations dites « présentielles » raniment parfois des souvenirs douloureux de salle de classe…

Il s’agit donc aujourd’hui de proposer à cette population d’apprenants, de nouvelles modalités d’apprentissage, de nouveaux outils, plus en phase avec leur quotidien.

Le e-learning précurseur de changements profonds

Le e-learning a creusé un sillon depuis quelques années. En proposant aux apprenants des modules de formation de courte durée, à la carte, alternant les médias (textes, sons, vidéos), un premier pas avait été franchi. Certaines entreprises se sont engouffrées dans la brèche, attirées par des promesses d’économies (frais de déplacement, salaire des formateurs, coûts d’entretien des salles de formation etc.) mais oubliant parfois au passage que l’apprenant est également un être humain qui a besoin d’être accompagné, soutenu, motivé.

Avec l’arrivée de la génération Y[1], la donne change encore. Il s’agit d’une population plus zappeuse et habituée aux jeux vidéos depuis sa plus tendre enfance. Elevés aux céréales en boite, à Mario Bros, à Tomb Raider et autres Splinter Cells, ne leur parlez pas de e-learning, ils trouvent déjà ces outils dépassés…

Une solution a été trouvée pour répondre à leurs attentes :combiner formation et jeu vidéo. C’est ainsi que le « serious-game » est né. En alliant les aspects ludiques et techniques du jeu vidéo dans un but pédagogique, les éditeurs de ce type d’outils réconcilient les apprenants avec leur formation (et donc les collaborateurs avec leur service formation…)


[1] désigne les personnes nées entre la fin des années 1970 et le milieu des années 1990.

Mixer formation et dramaturgie : le Graal de tout concepteur pédagogique (Part II)

Suite et fin de l’article de Laurent Habart : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur votre concepteur pédagogique sans jamais oser lui demander. Aujourd’hui : « Pourquoi raconter une histoire dans vos modules de formation » ?

Pourquoi une histoire ?

Vous avez donc décidé de faire passer les informations essentielles de vos modules au moyen d’une histoire. Mais pourquoi utiliser une histoire ? Prenons un exemple : étant donné le turn-over élevé et la forte culture d’entreprise chez votre client, il vous a demandé de concevoir pour ses managers des modules de formation sur l’intégration des nouveaux collaborateurs.

Plusieurs solutions s’offrent à vous : Vous pouvez par exemple introduire votre parcours en passant en revue les grandes étapes d’une intégration : préparer l’environnement de travail du nouveau collaborateur, annoncer son arrivée en interne, prendre le temps de l’accueillir, etc.

Autre solution : vous pouvez faire en sorte que l’apprenant s’investisse dans le parcours en lui racontant une histoire, celle de Thierry. Thierry manage une équipe de six personnes très soudées. Ces six personnes voient d’un mauvais œil l’arrivée d’un nouvel élément car elles craignent qu’à terme, il prenne la place de l’une d’elles comme cela s’est déjà produit par le passé ; et ce, d’autant plus qu’il a un profil senior… Face à cette opposition, comment Thierry va-t-il réussir à intégrer le nouveau collaborateur ?

Dans la première approche, vous sollicitez exclusivement la capacité intellectuelle de l’apprenant ; vous lui demandez un effort de concentration, de conceptualisation et de projection.
Dans la seconde approche, vous sollicitez d’abord la capacité émotionnelle de l’apprenant ; il n’a plus d’effort de concentration ou de projection à faire car il s’identifie spontanément à Thierry et veut savoir comment il va s’en sortir.
L’attention est immédiatement captée et l’apprenant ne lâchera pas tant qu’il ne saura pas. Et en trois mots, voici pourquoi.

Le triangle de base

Les nombreux ouvrages sur la dramaturgie nous apprennent qu’au cœur de toute histoire, qu’elle soit romanesque, théâtrale, cinématographique ou à vocation pédagogique, se trouve un élément essentiel : le conflit.
Le conflit suscite de l’insatisfaction que nous cherchons instantanément à combler. Et du conflit, nous en rencontrons quotidiennement dans notre vie professionnelle quand nous avons à résoudre mille et un problèmes d’ordre technique, personnel ou encore organisationnel.

Comment donc inventer une histoire ? Ou, dit autrement, comment créer du conflit ? Vous avez pour cela besoin de trois éléments qui constituent le triangle de base de toute histoire :

  1. Un protagoniste. Dans notre exemple, Thierry, par rapport à qui l’apprenant se positionne. Il s’identifie à lui et apprend au travers de lui.
  2. Un objectif. Thierry a un but, réussir la bonne intégration de son nouveau collaborateur. L’apprenant le sait et s’attend à ce qu’il fasse tout pour l’atteindre.
  3. Des obstacles. Thierry va devoir affronter le rejet de son équipe. Par quels moyens va-t-il parvenir à surmonter leur opposition ? C’est ce que l’apprenant souhaite découvrir, ce qui va le motiver pour suivre le parcours.

La connaissance s’acquiert par l’expérience

Bien sûr, tous les sujets, tous les parcours, tous les dispositifs ne se prêtent pas à ce type d’approche. Mais si vous pensez que raconter une histoire est un bon moyen pour transmettre un message, que le sujet s’y prête et que vous sentez vos apprenants prêts à s’y projeter, conservez en tête ce triangle de base de la dramaturgie.

Et s’il est vrai, comme le disait Albert Einstein, que « la connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information », alors l’histoire comme expérience d’autrui est un terrain idéal pour des concepteurs avides d’offrir des expériences formatrices à leurs apprenants.

Un modèle tutoral selon Michel Lisowski

Michel Lisowki dans le riche dossier traitant du tutorat à distance qu’il a rédigé pour le Centre Inffo s’intéresse à donner quelques définitions, dresse un tableau historique du tutorat, situe les apports des grands mouvements pédagogiques contemporains, distingue « Les cinq maisons du Village virtuel de FOAD » et propose un « modèle tutoral » qui « n’est pas limité au type d’appui qu’un tuteur adopte en fonction du profil d’un ou plusieurs apprenants dans une relation « duale fermée », où seul le versant apprenant est considéré comme une variable. » Au contraire, cette démarche se veut « analytique et systémique d’une fonction tutorale intégrée au projet pédagogique global et « anticipée » à partir des moyens mis en oeuvre (institutionnels, matériels et humains). »

Michel Lisowski insiste sur le fait qu’un « modèle tutoral » n’est pas défini à priori mais qu’il se construit. Pour cela, il est nécessaire d’identifier les valeurs contextuelles à un dispositif de formation de 15 éléments constitutifs de l’ingénierie de formation et de l’ingénierie pédagogique.

Il s’agit alors pour le concepteur du « modèle tutoral » d’une formation (pour ma part je préfère l’expression de « système tutoral », qui n’est pas autant porteur que le terme « modèle » de prescriptions qu’il serait faciles d’ériger en à priori, ce que M. Lisowski veut précisément éviter) de renseigner un scénario sous forme de tableau dont les lignes correspondent aux 15 éléments présentés dans le schéma suivant.

C’est à partir du « modèle tutoral » défini, qu’une autre étape d’ingénierie tutorale est réalisable (correspondant à la quatrième demes propositions en matière d’ingénierie tutorale). La « feuille de route » de M. Lisowski réunit l’ensemble des interventions que le tuteur à distance doit effectuer dans chacune de ses fonctions. A l’instar de Patricia Gounon, pour chaque activité sont précisés les tutorants, les supports, moyens et outils à mobiliser, les tutorés (individu ou groupe) la récurrence et le rythme ainsi que le temps nécessaire. Il est à noter que la méthode de quantification des interventions tutorales n’est pas évoquée.

Une recette pour réussir des modules e-learning équilibrés !

Vous n’êtes ni sur marmiton.org ni sur recettesdecuisine.net mais bien sur learning-planet.fr et c’est pourtant bien une recette que nous vous proposons pour mijoter à vos apprenants des modules e-learning digestes !

Pour régaler vos apprenants, rien de tel qu’un module équilibré.
A l’instar d’un bon repas, prenez soin de leur proposer :

  • une entrée (plus ou moins consistante et éventuellement précédée d’un apéritif et d’amuses-bouche). C’est le système d’entrée du module.
  • un plat de résistance (copieux ou version cuisine allégée…), c’est le système d’apprentissage.
  • enfin pour ne pas rester sur sa faim, le dessert. C’est le système de sortie.

Voyons un peu comment concocter ce menu.

Tout d’abord le système d’entrée…

Selon le contexte (service express ou restaurant gastronomique), le contenu de ce système d’entrée sera plus ou moins consistant, mais quoiqu’il en soit, vous devez, à ce stade, proposer à l’apprenant tous les ingrédients qui le mettront dans de bonnes conditions d’apprentissage.

  • Enoncé des objectifs du module : l’apprenant doit savoir à quoi s’attendre, quelles compétences ce module doit lui permettre de développer, le niveau qu’il doit atteindre ou les bénéfices qu’il va retirer de sa formation ; c’est un peu une mise en bouche.
  • Indication de la durée du module : l’apprenant doit savoir combien de temps il va passer devant son ordinateur pour se former, ne serait-ce que pour être sûr d’avoir le temps matériel de le faire (que l’on rentre dans un fast-food ou dans un restaurant gastronomique, on sait approximativement le temps que l’on va passer dans l’un comme dans l’autre).
  • Présentation du contexte du module : l’apprentissage sera plus aisé si on replace la formation dans le contexte dans lequel elle est proposée (par exemple, on acceptera plus facilement un menu imposé au restaurant, lorsque le serveur nous indique que le choix est limité car le chef cuisine avec les produits du marché)
  • Indication du sommaire du module : c’est un peu comme le menu au restaurant… on y découvre ce que l’on va déguster. Ce menu peut être imposé ou à la carte.
  • Le menu imposé, c’est proposer à chaque apprenant un apprentissage rigoureusement identique : lorsque l’on souhaite être sûr par exemple que chacun ait le même niveau de connaissances ou d’informations sur un sujet donné.
  • Dans le cas d’un menu à la carte, l’apprenant pourra choisir son menu en fonction de ses besoins : ce choix se fera le plus souvent à l’issue d’un test d’entrée et des préconisations qui en découlent.

Le temps de digérer ces quelques informations et je vous retrouverai très prochainement, pour le plat de résistance… à savoir,comment agrémenter votre système d’apprentissage !

Mixer formation et dramaturgie : le Graal de tout concepteur pédagogique (Part I)

Suite et fin de l’article de Laurent Habart : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur votre concepteur pédagogique sans jamais oser lui demander. Aujourd’hui : « Pourquoi raconter une histoire dans vos modules de formation » ?

Pourquoi une histoire ?

Vous avez donc décidé de faire passer les informations essentielles de vos modules au moyen d’une histoire. Mais pourquoi utiliser une histoire ? Prenons un exemple : étant donné le turn-over élevé et la forte culture d’entreprise chez votre client, il vous a demandé de concevoir pour ses managers des modules de formation sur l’intégration des nouveaux collaborateurs.

Plusieurs solutions s’offrent à vous : Vous pouvez par exemple introduire votre parcours en passant en revue les grandes étapes d’une intégration : préparer l’environnement de travail du nouveau collaborateur, annoncer son arrivée en interne, prendre le temps de l’accueillir, etc.

Autre solution : vous pouvez faire en sorte que l’apprenant s’investisse dans le parcours en lui racontant une histoire, celle de Thierry. Thierry manage une équipe de six personnes très soudées. Ces six personnes voient d’un mauvais œil l’arrivée d’un nouvel élément car elles craignent qu’à terme, il prenne la place de l’une d’elles comme cela s’est déjà produit par le passé ; et ce, d’autant plus qu’il a un profil senior… Face à cette opposition, comment Thierry va-t-il réussir à intégrer le nouveau collaborateur ?

Dans la première approche, vous sollicitez exclusivement la capacité intellectuelle de l’apprenant ; vous lui demandez un effort de concentration, de conceptualisation et de projection.
Dans la seconde approche, vous sollicitez d’abord la capacité émotionnelle de l’apprenant ; il n’a plus d’effort de concentration ou de projection à faire car il s’identifie spontanément à Thierry et veut savoir comment il va s’en sortir.
L’attention est immédiatement captée et l’apprenant ne lâchera pas tant qu’il ne saura pas. Et en trois mots, voici pourquoi.

Le triangle de base

Les nombreux ouvrages sur la dramaturgie nous apprennent qu’au cœur de toute histoire, qu’elle soit romanesque, théâtrale, cinématographique ou à vocation pédagogique, se trouve un élément essentiel : le conflit.
Le conflit suscite de l’insatisfaction que nous cherchons instantanément à combler. Et du conflit, nous en rencontrons quotidiennement dans notre vie professionnelle quand nous avons à résoudre mille et un problèmes d’ordre technique, personnel ou encore organisationnel.

Comment donc inventer une histoire ? Ou, dit autrement, comment créer du conflit ? Vous avez pour cela besoin de trois éléments qui constituent le triangle de base de toute histoire :

  1. Un protagoniste. Dans notre exemple, Thierry, par rapport à qui l’apprenant se positionne. Il s’identifie à lui et apprend au travers de lui.
  2. Un objectif. Thierry a un but, réussir la bonne intégration de son nouveau collaborateur. L’apprenant le sait et s’attend à ce qu’il fasse tout pour l’atteindre.
  3. Des obstacles. Thierry va devoir affronter le rejet de son équipe. Par quels moyens va-t-il parvenir à surmonter leur opposition ? C’est ce que l’apprenant souhaite découvrir, ce qui va le motiver pour suivre le parcours.

La connaissance s’acquiert par l’expérience

Bien sûr, tous les sujets, tous les parcours, tous les dispositifs ne se prêtent pas à ce type d’approche. Mais si vous pensez que raconter une histoire est un bon moyen pour transmettre un message, que le sujet s’y prête et que vous sentez vos apprenants prêts à s’y projeter, conservez en tête ce triangle de base de la dramaturgie.

Et s’il est vrai, comme le disait Albert Einstein, que « la connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information », alors l’histoire comme expérience d’autrui est un terrain idéal pour des concepteurs avides d’offrir des expériences formatrices à leurs apprenants.