Une des questions posées dans le cadre de la Web-conférence du 22.10 a porté sur les fondements de l’efficacité de l’approche immersive en matière de contenus de formation médiatisés.
Malcolm Knowles, John Keller et d’autres théoriciens de l’apprentissage nous rappellent que les apprenants adultes ont besoin de pertinence pour apprendre. Pour assurer l’efficacité d’un processus d’apprentissage, il est important d’expliquer les concepts sous forme d’histoires auxquelles les apprenants peuvent au minimum s’identifier et au mieux participer. Car en leur donnant la possibilité d’acquérir des connaissances selon leurs propres schémas mentaux, le réalisme de l’histoire facilite la mémorisation des informations.
Les neurosciences fournissent des éléments tangibles pour justifier une approche immersive, tout particulièrement en formation à distance.
Ces éléments fournissent également les bases d’un modèle de scénarisation d’un module immersif qui sera proposée en deuxième partie de cet article.
Éléments fondamentaux des neurosciences :
1) L’engagement actif dans son territoire
L’apprenant est d’autant plus actif et engagé si l’envie de réaliser l’action de formation est forte. Cette envie est déclenchée quand sa motivation est corrélée avec la perception de de son intérêt personnel car l’action proposée le conforte dans son « territoire mental ». Il se sent donc sécurisé.
2) Le désir mimétique en situation
En neurosciences cognitives, les neurones miroirs jouent un rôle dans la cognition sociale, notamment dans l’apprentissage par imitation. Ce besoin d’imitation constitue un élément central de la cognition. Chaque fois que nous voyons une autre personne agir, surtout si elle nous paraît semblable à nous, des neurones miroirs » s’allument » dans notre cerveau, qui imite celui du modèle.
3) Le retour d’information empathique
Recevoir un retour d’information immédiat sur l’action en cours est constitutif de l’apprentissage. Plus le retour est proche dans le temps de l’erreur, plus l’action corrective sera efficace et intégrée de manière pérenne.
Les erreurs sont positives et sources d’apprentissage. L’apprentissage se déclenche lorsqu’un signal d’erreur montre que la prédiction générée par notre cerveau n’est pas parfaite. Il ne peut pas exister d’apprentissage quand tout est parfaitement prévisible.
4) La consolidation par la répétition
L’automatisation des connaissances est essentielle. L’automatisation est le fait de passer d’un traitement conscient, avec effort, à un traitement automatisé, inconscient. Le point culminant d’un apprentissage est le » transfert de l’explicite vers l’implicite » : c’est l’automatisation des connaissances et procédures. Cette automatisation passe par la répétition et l’entrainement. Pour mémoriser une information, notre cerveau a besoin de trois passages au minimum.
Conséquences en matière de scénarisation :
La chronologie des quatre fondements fournit la base de toute scénarisation d’un module immersif à condition que celui-ci cible un objectif pédagogique et opérationnel précis, permettant donc la construction d’un module séquencé (granularisé) dont la durée ne dépasse pas 30 minutes.
1) Situation contextualisée réflexive :
Quelque-soit la combinaison des médias utilisé, l’objectif de cette 1ère séquence est bien d’impliquer l’apprenant en le rassurant et le motivant. Par exemple, le visionnage d’une vidéo, montrant un personnage qui raconte une situation-problème et exprime les questions qu’il se pose, ne sera efficace que si les éléments de contexte et de problématique sont explicitement ceux de l’apprenant (appartenant au public ciblé).
Ce personnage référent doit se comporter de manière professionnelle même si dans le scénario quelques erreurs en terme d’actions, décisions ou comportements peuvent apparaitre.
Pour sécuriser cette entrée en situation, le point d’entrée dans cette séquence peut être conditionné par un test de positionnement qui garantit l’opportunité de démarrer cette séquence.
2) Exercice d’analyse de situation séquencé :
Dans le prolongement direct de cette situation, il s’agit de valider ou d’invalider les actions ou décisions prises par le personnage en situation, en prenant sa place. Cette série d’exercices d’analyse de situation mimétique permettent d’engager l’action de l’apprenant. Il va, par les questions qu’on va lui poser, se substituer au personnage présenté en séquence introductive. Cet phase d’exercice d’analyse de situation doit s’appuyer précisément sur ce qui est entendu, vu, perçu et lu dans la séquence introductive. Les exercices présentés en séquence doit permettre d’évaluer le contexte, la situation, les actions, comportements ou décisions prises, quelque-soit leur forme médiatisée (du simple QCM à l’association d’items).
3) Feed-back de conseil, de correction et exposé des notions clé :
La série d’exercices en situation mimétique ne sont pas un but en soi. Ils doivent permettre l’erreur et fournir des feed-back de conseil utiles, favorisant la réussite de l’exercice. Les feed-back de correction (par exemple au 2ème essai) doivent positiver l’erreur et fournir les éléments clé de résolution et les bases fondamentales de savoirs associés.
4) Bilan final et synthèse dynamique des acquis :
Le bilan final est fourni s’il est possible et cohérent de mesurer les acquis en % de réussite partielle ou totale de la série d’exercice. La condition est que chaque exercice proposé mesure une compétence d’action ou décisionnelle précise et univoque. Par exemple « la capacité à analyser et formuler le contexte ». Le bilan fournit l’occasion de reformuler les concepts et règles fondamentales qui ont déjà été proposés dans les feed-back d’exercice.
En sus ou en remplacement du bilan des acquis, une note de synthèse des fondamentaux à mémoriser est proposée en séquence finale, sous une forme médiatisée. Elle permet la prise de note et la mémorisation « multicanaux » des notions fondamentales (graphe synthétique animé, carte mentale, messages clé à écouter …)