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11èmes rencontres du FFFOD : Nouvelle frontière, neutralité et bienveillance : bienvenue dans le monde numérique

C’est la 1ère fois que j’assistais aux rencontres du Forum Français de la formation Ouverte à Distance (FFFOD) qui avaient lieu du 6 au 8 novembre dernier à Caen. Le thème retenu cette année était l’apprentissage à l’ère du numérique. En 2 jours et 10 interventions, nous avons fait un tour d’horizon des impacts de ce nouvel environnement encore mal identifié sur un certain nombre de concepts liés à « l’apprendre ».

De ce panorama, j’en ai conservé 3 idées essentielles qui m’amènent à revisiter quelques questions posées de la conception d’un parcours de formation « à distance ». La liste n’est pas exhaustive bien entendu !

  1. La nouvelle frontière

Du « Monde virtuel » au « Monde numérique » : de l’oxymore d’il y a quelques années cette association de termes est devenu pléonasme. Il ne s’agit plus d’opposer 2 mondes, mais bien d’intégrer la dimension numérique dans notre vie. Les frontières se sont diluées et ce nouveau continent nous tend les bras. Si on la considère comme une dimension à part entière, et non comme une sorte d’excroissance technologique, il faut repenser nos parcours d’apprentissage.

Voilà pourquoi les parcours mixtes et blended laissent aujourd’hui la place aux parcours multimodaux. Là où avant, nous juxtaposions des ressources en ligne avec des ressources en face à face, nous superposions des modalités asynchrones et synchrones, dans un sens plutôt linéaire, nous devons aujourd’hui considérer les modalités d’apprentissages comme des neurones à assembler et réassembler tout au long du parcours en raison notamment des interactions multipliées avec un environnement social.

Le défi étant de conserver la cohérence du parcours global tout en assurant à l’apprenant une évolution dans son apprentissage.  Ce monde numérique, loin de supprimer le formateur, le remet plus que jamais aux côtés de l’apprenant pour l’aider à baliser son chemin parmi les savoirs en ligne.

3 questions à se poser en amont d’un dispositif :

  • Comment les personnes apprennent ? Où ? Quand ? Avec qui ? Avec quoi ?
  • Quel est le profil numérique de mes apprenants ?
  • Quelles sont les modalités d’usage des outils numériques de mes apprenants ?

Les traditionnelle questions : « qui sont mes apprenants »  et « quels sont ses styles d’apprentissage », doivent intégrer la dimension numérique de l’apprenant et l’étude de  son comportement global afin de proposer un parcours pertinent.

2. Neutralité

Ce nouveau continent, comme toute découverte ne porte ni le meilleur ni le pire a priori. Il est ce que nous en ferons. Le medium numérique est donc neutre. Quand un apprenant allume son ordinateur (tablette, smartphone…), lance un module, fait un exercice en ligne, il fait face à un medium qui ne lui renvoie a priori aucune image, aucun jugement. La multi exposition possible à laquelle il se soumet en tentant 20 fois un exercice est un facteur de réussite pour son apprentissage.

De plus, comme l’a souligné Etienne Armand Amato lors des rencontres, le numérique promeut aussi la réflexivité et le décalage sur soi-même, ainsi lorsque l’on crée un avatar, c’est un autre nous que nous observons. Quel formidable outil pour réfléchir sur nos apprentissages et ainsi en tirer les meilleurs bénéfices !

Les seules intentions que porte le medium sont celles du concepteur pour un dispositif pédagogique. A nous donc d’assurer une neutralité qui ne nuise pas à l’efficacité de l’apprentissage pour les apprenants.

3 questions à se poser pour un dispositif :

  • Quels sont les paramètres de neutralité qui favorisent l’apprentissage ?
  • Quels sont les principes qui nuisent à la fluidité des parcours ?
  • Comment dans le parcours puis-je encourager les apprenants à réfléchir sur leur apprentissage et ainsi formaliser leurs acquis ?

Ainsi les paramètres de personnalisation et d’individualisation concourent à renforcer la neutralité d’un parcours en ligne : plus l’outil est adapté, moins il interfère avec l’apprentissage.

Attention cependant à ne pas confondre neutralité et neutralisation par exemple dans la mise en place de fonctions qui freinent la fluidité des parcours (le fameux bouton next qui ne se déclenchent qu’après la lecture de l’ensemble d’un écran par exemple).

Et surtout, garder à l’esprit ce principe de neutralité, c’est également remettre au centre des réflexions l’accessibilité – souvent laissée de côté dans les dispositifs de formation à distance ou traitée de manière très réduite – afin de garantir un apprentissage de qualité pour tous les apprenants.

3. Bienveillance

Ce qui nous amène au dernier point : ce nouveau continent a priori neutre ne pourra participer à l’épanouissement de l’apprentissage que grâce à la mise en place d’un environnement bienveillant.  Philippe Révy le résume ainsi: « quelque soit le vecteur  d’apprentissage il faut rester dans le lien, l’empathie et la bienveillance ».

La bienveillance en numérique regroupe des problématiques contradictoires avec des enjeux professionnels par exemple. Quid de la bienveillance dans le cadre de formations imposées par exemple ?

3 questions à se poser dans un dispositif

  • Le LMS promeut-il un cadre bienveillant dans la perspective de suivi très détaillé qu’il produit ?
  • Un parcours guidé est-il un facteur de bienveillance à l’égard des différents styles d’apprentissage ?
  • Quels sont les éléments à mettre en place pour garantir un cadre bienveillant (tutorat, échanges, collaboration etc)

Il paraît assez logique que la bienveillance puisse trouver son alter égo numérique dans la mise en place des liens entre les apprenants et de leur accompagnement. A ce titre le monde numérique offre de nombreuses modalités qui peuvent assurer cette bienveillance tout au long de l’apprentissage. L’accès et la disponibilité des savoirs, les interactions possibles avec autrui à toute heure et en tous lieux sont des éléments de ce cadre à construire.

Ici s’achève le premier voyage dans ce nouvel espace, n’hésitez pas à consulter le site du FFFOD pour retrouver l’ensemble des contributions à ces réflexions et à solliciter les membres de Learningsphère pour vos futurs parcours multimodaux !

Pour un usage réfléchi des neurosciences en pédagogie

Ce billet est en écho aux billets de Dominique Gros sur ce site et suite à un commentaire d’un de mes contacts sur Google Plus que je reproduis ici :

« une légère peur de voir que les neurosciences renforcent la pédagogie de notre « ancien temps », des instituteurs et du béhaviorisme…  N’y a-t-il pas eu des théories constructivistes et socio-constructivistes : comment se retrouvent-elles dans les neurosciences ? je m’interroge… »

cerveauUne compréhension de la neuroscience qui s’arrêterait à identifier des comportements, à les taxonomier, à catégoriser les individus et à automatiser-industrialiser leurs formations en fonction de ces éléments risquerait de réactiver les modèles pédagogiques anciens (académique, béhaviorisme) dont on connait les nombreuses limites.

Dès lors qu’on se servirait des neurosciences pour évacuer la relation humaine, indispensable à la formation, on s’exposerait aux plus graves dérives.

Les apports des neurosciences sont par contre utiles pour mieux comprendre comment entrer en relation avec les apprenants dès lors que l’on ne cherche pas à tout prix à les réduire età les maintenir dans des catégories cognitives.

Savoir, par exemple, que certains apprenants ont une préférence cognitive procédurale et qu’ils ont besoin, non seulement d’un cadre mais de la transmission d’une marche à suivre précise pour réaliser leurs tâches, que certains autres, s’épanouissant dans la (sur)socialisation risquent de beaucoup solliciter leurs formateurs et tuteurs, que d’autres ne peuvent conceptualiser qu’à partir du vécu d’une situation authentique, de d’autres au contraire ont besoin de maitriser la théorie pour s’autoriser à agir, etc. Cette connaissance est utile pour mieux entrer en relation.

C’est au niveau de l’individualisation que les apports des neurosciences peuvent être les plus féconds. Les différents profils peuvent être pris en compte lors de la conception de la formation afin d’individualiser le parcours. L’individualisation étant bien une question d’ingénierie pédagogique.

Mais l’individualisation ne suffit pas. La personnalisation est la prise en compte des caractéristiques de l’individu qui ne sont pas réductibles à une catégorie. C’est bien dans la relation, et uniquement dans la relation, en particulier tutorale, que la personnalisation est possible. Il y faut toute l’intelligence sociale des êtres humains, leur volonté d’engagement dans la relation à l’autre, leur capacité à l’empathie pour que la personnalisation soit effective. Il y faut aussi des moyens matériels et financiers car la relation c’est du temps, et le temps, c’est de l’argent 😉

Comme toujours en pédagogie, il n’y a pas une réponse et les neurosciences ne sont pas LA réponse mais ses apports, contextualisés aux besoins des apprenants et aux intentions pédagogiques, peuvent permettre d’enrichir nos approches et pratiques.

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Sur la personnalisation, cf. mon intervention à Intertice cette année  » Le tutorat au service de la personnalisation des apprentissages » : diaporama – vidéo

11èmes Rencontres du FFFOD : Les Neurosciences éclairent les devoirs du concepteur e-larning (partie 2)

Cet article complète le 1er qui était consacré à la métacognition.

La deuxième partie de la matinée du 7 novembre était consacrée à l’exploration du cerveau attentif :
Conférence de Jean-Philippe Lachaux (directeur de recherches en neurosciences cognitives à l’INSERM Lyon).
L’exploration du fonctionnement du cerveau en situation réelle (dans son environnement) est également très éclairante pour l’apprentissage. L’attention peut être définie comme la valeur accordée à ce que je vis dans l’instant.

Le cerveau fonctionne donc en perpétuelle boucle itérative :

–       Perception de l’environnement

–       Traitement actif de l’information (filtrage et sélection des priorités)

–       Décision et Action sur l’élément choisis dans ce qui est perçu

–       Nouvelle perception

Ainsi trois à quatre décision sont prises par seconde !

L’attention est donc perpétuellement en équilibre et avance en projection vers un but.
Ses forces sont l’habitude, la perception de l’utilité générale, les émotions ressenties, l’utilité ponctuelle (le système décisionnel proprement dit).
Il existe donc des « vents violents » qui peuvent éloigner la personne de son objectif prioritaire.

Quelle conséquence pour la médiatisation des contenus de formation ?

1-     Favoriser la progression des acquis et donc de l’attention

2-     Être particulièrement précis sur l’objectif pédagogique et la vérification des acquis

3-     Éviter toutes les déviations inutiles (avatars sans objet, vidéos trop longues, messages non concentrés …)

4-     Combiner et varier les médias pour renforcer l’attention et non pour l’affaiblir

5-     Éviter tout facteur externe perturbant (consignes d’attention, points clés)

Une dernière question : le mobile learning favorise-t-il l’attention ?

Peut-on imaginer se concentrer et apprendre si je suis assis dans le métro ou au restaurant et si je reçois 20 mails dans l’instant qu’il faut traiter ? Mon opinion transparaît dans la question …

11èmes Rencontres du FFFOD : Les Neurosciences éclairent les devoirs du concepteur e-larning (partie 1)

La première partie de la matinée du 7 novembre était consacrée à l’apport des neurosciences en pédagogie.

Grâce aux apports très éclairants et concrets des intervenants (Samuëlle Dilé, Etienne-Armand Amato  et Philippe Révy), les neurosciences interrogent les pratiques et les orientations des concepteurs e-learning pour faciliter l’apprentissage via la ressource médiatisée scénarisée et produite.

La métacognition, que je pourrais qualifier d’ « appétit du savoir » repose sur un certain nombre de moteurs. J’en sélectionnerai un certain nombre qui me paraissent essentiels dans un projet de conception de modules e-learning médiatisés.

1- Désir mimétique : il est essentiel de proposer à l’apprenant une démarche à suivre qui doit l’inspirer, pour être réutilisée dans son projet personnel.  Ce désir profond privilégie clairement les démarches inductives dans le contenu médiatisé. S’appuyer sur le vécu (étude de cas), faire extraire les concepts puis les expliciter et valider les acquis.

Par exemple, comment peut-on imaginer produire un serious- game de « lutte contre l’illettrisme » qui met en situation un voyageur traversant une cité pleine d’embûches, au lieu de le faire travailler sur des situations qui handicapent sa vie au quotidien ? (l’exemple de ce projet financé largement sur fonds public est réel).

Les deux freins à ce moteur sont :

–       l’angoisse (peur de l’inconnu) : elle renvoie à la nécessité de travailler sur l’expression claire de l’objectif pédagogique du grain et le contrôle progressif des acquis.

–       L’ennui : il oblige le concepteur à varier les activités interactives et recourir à des médias variés qui se complètent.

Ces deux freins remettent en cause la systématisation de l’approche rapid-learning qui favorise la production de contenus peu efficients.

2- Processus itératif : l’apprenant a besoin de la répétition pour apprendre. Cette répétition diminue la surcharge cognitive et permet de diminuer le stress en situation de découverte. On revient donc aux fondamentaux des pratiques de nos instituteurs, il y a quelques années … L’enjeu, pour le concepteur, est donc de créer un environnement bienveillant et motivant. La question de la variation des approches cognitives est donc clairement posée :

–       Varier les exercices selon une approche taxonomique des objectifs d’apprentissage

–       Individualiser le recours aux ressources d’apprentissage selon les modalités d’apprentissage préférées par l’apprenant (une fois son positionnement établi). « Je préfère lire, faire ou entendre et voir ».

3- Le plaisir /déplaisir et la préservation du territoire : l’apprenant vit dans son territoire de représentations mentales. Le plaisir qu’il va découvrir dans l’expérience de l’apprentissage va le pousser à se concentrer. Le déplaisir ou le danger de se perdre va l’inciter à se retirer. Le cadre de l’apprentissage doit donc être bienveillant, voir empathique. La progression du parcours doit permettre la construction d’une estime croissante de soi.  Le concepteur doit donc privilégier la progressivité du parcours :  un grain de 10 à 15 minutes doit permettre d’acquérir et valider progressivement de nouvelles représentations mentales. Le soin apporté à construire les feedbacks est essentiel pour rassurer et conforter l’apprenant dans ce qu’il a acquis ou pas. L’apport du jeu est indéniable mais pas uniquement dans sa forme la plus aboutie (Serious Game). Un module d’apprentissage construit sous forme de découverte ludique des concepts à apprendre est une stratégie intéressante car il est construit sur un scénario de progression mais en dehors d’une démarche pédagogique prescriptive.
Un autre article fera le lien entre le « cerveau attentif » (2ème conférence de la matinée du 7 novembre) et le contenu médiatisé.

Les badges, promoteurs de compétences ?

Vous vous en êtes certainement rendu compte ces temps-ci, les badges sont revenus à la mode. La où dans les années 70′ ils étaient porteurs de revendications, dans les années 80’ signaient son appartenance à tel ou tel groupe, les badges du XXIe siècle sont numériques et ont pour prétention de montrer les compétences que l’on possède. C’est particulièrement le cas dans les moocs qui cherchent à donner, le plus souvent contre rétribution (cf. badges du mooc ITyPA) un succédané de diplôme.

Le plus amusant est que certains de ces badges payants n’attestent que de sa participation à une formation : actualisation habile et mercantile de l’attestation…

brejnevJe ne fais que peu de différence entre les médailles, les diplômes et les badges. Il s’agit bien de la même logique : montrer par un signe symbolique ses mérites, son savoir ou ses compétences. Je trouve les premières prétentieuses et pas loin du ridicule comme dans le cas de l’illustration de ce billet, les deuxièmes sont de plus en plus surannés bien que trop souvent des passages obligés, les troisièmes sont une trouvaille revendiquée plus moderne que les diplômes mais n’évitant pas leur travers.

Le problème pour les trois, c’est qu’ils sont des affirmations censées doter leur possesseur de l’aura symbolique que les uns et les autres veulent bien leur accorder. Tout comme un CV, qui n’est qu’une somme de déclarations, ces signes de reconnaissance n’apportent pas les preuves ni de son savoir ni de ses compétences. Ce qui m’importe ce ne sont pas les signes mais les preuves qui ne peuvent être apportée que par l’action.

Vouloir documenter ces compétences est légitime, mais la meilleure manière n’est donc pas de se médailler, de se diplômer ou de se badger. Il s’agit, bien au contraire, par la réalisation d’actions et la communication produite sur ses actions de démontrer à ses interlocuteurs que l’on possède tel savoir, savoir-faire ou savoir-être.

J’ai été en situation de recruter de nombreuses personnes pendant une dizaine d’années. Je me suis toujours d’abord fié aux réalisations que me présentaient les candidats, et sur lesquelles je ne manquais pas de les interroger longuement, plutôt que sur leurs titres. En ce sens le portfolio est un progrès (surtout s’il comporte une partie autoréflexive) mais pas si nouveau que cela… les graphistes, par exemple, présentent leurs books depuis très longtemps (là pas d’autoréflexivité). Le portfolio, tout comme le book ne prouvent rien. Ils peuvent être hightech, impressionnants par leur volume et les travaux contenus, parsemé de références prestigieuses mais au final ce ne sont que de belles images. C’est le commentaire que le possesseur du portfolio peut en faire qui permet à son interlocuteur de nourrir son intime conviction qu’il a affaire à quelqu’un qui sait de quoi il parle et qu’il est vraiment l’auteur des travaux présentés. C’est la mise en situation de production de l’individu qui apporte les preuves définitives de ses déclarations.

Se badger c’est en quelque sorte se complaire, à l’instar des décorés de tout poil, dans son statut d’ancien ; d’ancien  apprenant et non de professionnel agissant et apprenant de ses actions.

« On n’a jamais fini de faire ce tri là, entre ce que vont m’apporter mes maîtres, mes collègues,
mes élèves, mes patients et ce que je suis, moi, et ce que je pense. »
Max Pagès.

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Qui sont les apprenants des moocs ?

Isabelle Quentin, Docteure en sciences de l’éducation – PHD in Education – Agrégée en économie gestion, a publié une « Revue de la littérature nord américaine sur les apprenants de MOOCs »

Elle écrit : « Les MOOCs (Massive Open Online Course) ont connu en 2012 un développement sans précédent. Gratuits et ouverts, ils permettent à tous d’accéder à la connaissance. Ces nouveaux dispositifs d’éducation en ligne proposent l’accès à des cours sous la forme de capsules vidéo ainsi qu’à des QCM. Ils incitent les apprenants à réaliser des exercices ou des projets qui sont évalués soit par leurs pairs, soit de manière automatique. Les apprenants ont la possibilité d’interagir entre eux grâce à un ensemble d’outils comme des blogs, des forums ou des groupes créés sur des réseaux sociaux. Plusieurs auteurs s’accordent sur le fait que certaines caractéristiques spécifiques des MOOCS bousculent les modèles traditionnels des formations en ligne (Mackness & al. 2010 ; Cisel & Bruillard 2013 ; Baron 2012 ; Stepan, 2013)… »

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La carte et le territoire des tuteurs à distance. Propositions pour un cadastre tutoral.

Lors de sa récente conférence sur les espaces du tutorat à distance, Jean-Paul Moiraud a évoqué la nécessité pour les tuteurs à distance de cadastrer leurs zones d’intervention auprès des apprenants.
Pour mieux cerner ce que serait le cadastre tutoral, rappelons dans un premier temps que ce terme nous vient « du latin capitastrum, un registre de capitation, et du grec κατάστιχον katastikhon, une liste d’enregistrements, de κατὰ στίχον kata stikhon – littéralement, « ligne par ligne » avec les directions et distances entre les angles mentionnés et marqués par les monuments et les bornes. » Source Wikipédia. Un cadastre est un ensemble de cartes rassemblées par un organisme public qui est consultable par chacun (cf. le cadastre national de la France)
En formulant cette proposition, Jean-Paul Moiraud soulignait en quelque sorte que naviguer dans un territoire sans en posséder la carte n’offre que la possibilité de la sérendipité. Si celle-ci est souvent l’occasion de belles découvertes et rencontres inopinées, elle ne peut servir de viatique au tuteur dont les fonctions sont balisées par l’institution, parfois formalisées, et c’est souhaitable, dans une charte tutorale. La carte permet de se diriger sur le territoire, ce qui n’est pas rien, mais elle présente aussi l’avantage d’être révélatrice, par la forme qui lui est donnée, de la représentation qu’ont ses auteurs des espaces d’interactions avec les apprenants. C’est pourquoi, plutôt que de fournir la « carte Michelin des tuteurs », l’institution aurait intérêt à ce que les tuteurs la co-construisent de manière collaborative. Ceci permettrait l’émergence d’une vision commune des espaces à investir.
Une carte c’est tout d’abord une échelle dont la grandeur autorise le niveau de précision des indications qu’elle comporte. Une carte est composée de lignes, de couleurs, de texte, d’icônes. Il est donc nécessaire pour bien l’utiliser d’en avoir défini la légende.
Les espaces, réels et virtuels, d’intervention des tuteurs sont multiples et le passage de l’un à l’autre est davantage marqué par la fluidité que la porosité nous a dit Jean-Paul Moiraud. Aussi, les distances géographiques entre ces espaces sont une base d’interprétation peu valide. L’échelle de la carte tutorale ne semble donc pas être une notion pertinente pour la dessiner. Plus intéressant serait de prendre en compte les autres dimensions de la distance que sont le temps, la technologie, le rapport psychosocial, les aspects économiques et pour tout dire la distance pédagogique.
La carte tutorale comporterait ainsi plusieurs calques pour chacune de ses dimensions de la distance. Les informations de chacun de ses calques seraient dans une couleur donnée afin de permettre une mise à plat lisible de l’ensemble.
Je ne détaillerai pas ici, l’ensemble de ces calques mais prendrai l’exemple du calque technologique. Les outils de communication utilisés par les tuteurs pour intervenir auprès des apprenants sont innombrables. En effet, tout outil de communication est potentiellement utilisable pour supporter des interventions tutorales. C’est pourquoi il est nécessaire de préciser les critères qui permettent d’en faire le choix, que ces outils soient prescrits, acceptés ou proscrits par l’institution. Chacun de ses critères pourrait faire l’objet d’une icône et d’un indice sur la carte. Ci-dessous la liste que je propose :
  • L’accès matériel : est-ce que l’outil peut être utilisé dans l’environnement des acteurs ?
  • L’accès fonctionnel : est-ce que les tuteurs et les apprenants maitrisent l’outil ? Quel est le coût cognitif de la maitrise fonctionnelle ?
  • L’accès économique : quel est le coût d’acquisition ou d’utilisation ?
  • Les caractéristiques d’usage : de rare à répandu, de simple à complexe
  • La forme communicationnelle : écrite, orale, visuelle, synchrone, asynchrone
  • Le type de communication supportée : unidirectionnelle, bidiretionnelle, multidirectionnelle
  • La durée de disponibilité de l’information transmise : transitoire, courte, longue, permanente, répétable
  • L’urgence de la communication : la modalité synchrone étant privilégiée en cas de grande urgence
Au terme de ce court billet, il apparait que les éléments des autres calques restent à définir et que l’idéal pour avancer serait de réaliser ce travail cartographique avec une équipe de tuteurs intervenant dans un même dispositif. Cela permettrait de mettre en œuvre la vision partagée de leur territoire et de donner à d’autres tuteurs une base de départ pour construire leur propre carte. Ce serait le premier pas vers ce que pourrait être à terme un cadastre tutoral qui rassemblerait un ensemble de cartes tutorales de différents dispositifs.
Initialement publié sur le Blog de t@d le 2/11/13

Dossier « SCORM expliqué aux non-techniciens »

La question des standards (SCORM, AICC, TinCan/xAPI) est essentielle en e-Learning et ce n’est pas un sujet réservé aux techniciens !

Leur impact vous concerne, que vous soyez impliqué dans la conception, le développement ou l’exploitation d’un dispositif e-Learning.

C’est dans cet esprit que je vous propose une série d’articles qui se veulent très concrets et abordables :

« Un projet e-learning dans un contexte de coopétition » – MTO 2012 Nîmes – Presse des Mines

« Un projet e-learning dans un contexte de coopétition » – MTO 2012 Nîmes – Presse des Mines

Dans le cade du MTO 2012 (Journées d’Étude du Management des Technologies Organisationnelles) qui se sont déroulées à l’Ecole des Mines à Nîmes en octobre 2012, Florence LABORD et Jean Vanderspelden (membre du FFFOD) ont eu l’occasion de rédiger un article « Un projet e-learning dans un contexte de coopétition« . Cet article a été publié dans un ouvrage collectif intitulé « Impact des réseaux numériques dans les organisations« , ouvrage édité en juin 2013 (Y Barlette – D Bonnet – M Plantié & PM Riccio) par les Presses des Mines, dont la présentation est donnée sur le site :

http://www.pressesdesmines.com/economie-et-gestion/impact-des-reseaux-numeriques-dans-les-organisations.html

Résumé de l’article :

La nécessité d’adapter la formation, aux nouveaux besoins des personnes et des territoires, a été le point de départ du travail partenarial que nous allons présenter. Partant «de la société de consommation vers la société numérique, en passant par la société apprenante», nous avons cherché à mettre en place une approche innovante, dans un contexte de coopétition, pour faire évoluer et enrichir l’offre de sept organismes concurrents sur le marché de la formation. Notre action a porté sur le management de projet : mise en place et accompagnement d’un projet collectif de création et de déploiement de ressources blended-learning. Nous avons déroulé et accompagné plusieurs phases : appropriation, conception, création et diffusion des ressources digitalisées, aux profits des apprenants via une plateforme de téléformation Moodle et à travers une méthode d’accompagnement choisie. A partir des retours d’expériences, notre travail ouvre des pistes susceptibles d’améliorer des méthodes de déploiement d’outils au service des bénéficiaires. Dans ce type de projet cherchant à développer des approches de type Formation Ouverte et A Distance, les dimensions techniques nous semblent moins marquantes que les dimensions sociétales. Ces dernière s’inscrivent dans des nouveaux rapports plus horizontaux au travail et au savoir, liés à l’impact du numérique. Les comportements des apprenants sont de plus en plus collaboratifs et communautaires, y compris dans leurs apprentissages. En mixant technologie et pédagogie, on voit émerger un nouveau modèle économique, autour du concept novateur d’usabilité.

Florence Labord – 06 21 44 78 51 – Consultante/Formatrice Technologies de l’Information et de la Communication, Expertise FOAD – www.ExpertWeb.fr  – info@expertweb.fr – Avenue de l’Agau – Le Vivaldi – 34970 Lattes / Jean Vanderspelden – 06 42 27 59 72 – Consultant «Individualisation, Apprenance, FOAD, Numérique & Territoire» – ITG Paris – www.iapprendre.fr – jean.vanderspelden@free.fr – 24, rue Pajot – 76130 Mont Saint Aignan.

Défauts de jeunesse des moocs et propositions pour leur accès à la maturité

« L’imagination c’est de la mémoire fermentée.
Quand on perd la mémoire on perd sa faculté d’imaginer. »
Antonio Lobo Antunes

bébé

N’en déplaise aux encenseurs des moocs parant ces dispositifs de toutes les vertus, revendiquant la paternité d’une révolution de la formation et de l’éducation, ces dispositifs, qu’ils soient instructionnistes ou connectivistes présentent des défauts qui ne sont pas sans lien avec l’ignorance des différentes formes de formation à distance qui les ont précédés et qui, aujourd’hui, coexistent avec eux.

Pas de grand soir

La révolution proclamée est soit une large imposture soit la marque d’un manque de mémoire voire de l’ignorance. Pour ceux qui douteraient de cette affirmation, je ne saurais trop conseiller, en préambule, de visionner la conférence de Thierry Karsenti « Mooc : révolution ou simple effet de mode ? »

L’imposture est opportune aux nouveaux entrants. Elle leur permet d’apparaitre comme des inventeurs, de gagner à bon compte en image de marque et en part de marché. Avant eux, c’était l’archaïsme et sans eux il n’y aurait point de salut. Ils se présentent volontiers comme des bousculeurs, et il est bien nécessaire d’être bousculé régulièrement. Ils bousculent, mais en partie seulement car pour parvenir à leurs fins les bousculeurs, les révolutionnaires, affichent clairement leurs buts. Or, il est remarquable que les principaux initiateurs de moocs soient peu loquaces sur les leurs. S’agit-il d’abolir l’institution universitaire ? Ce serait bien étonnant puisqu’ils en sont issus et qu’ils en vivent. S’agit-il de trouver un nouveau modèle économique pour les universités ? La faiblesse des analyses sur ce point permet à certains de reconnaitre leur doxa économique dans la métaphore de « la ruée vers l’or ». S’agit-il de mettre l’accent sur la validation des savoir-faire plus que des connaissances ? Le remplacement des diplômes par les badges (payants) est une réponse un peu courte pour transformer les universités en nouveaux constructeurs de compétences, somme de savoir, de savoir-faire et de savoir-être. S’agit-il de réduire l’échec à l’université ? L’absence de stratégie en faveur de la réussite pour tous qui prévaut dans les moocs démontre le contraire.

Certains buts semblent effectivement peu avouables : sélectionner les étudiants, attirer les cerveaux, gagner en influence et marginaliser les autres acteurs considérés comme concurrents, favoriser quelques enseignants au détriment des autres… le but ultime étant de rentabiliser l’activité éducative.

Quels seraient donc des buts utiles et qui pourraient être revendiqués, sans honte, par les moocs ? Deux exemples.

  • Les besoins de formation sont massifs et s’internationalisent. Les universités dans leur forme actuelle ne sont pas en mesure de répondre positivement à l’ensemble de ces besoins. Il faut donc trouver d’autres formules permettant de rejoindre les apprenants potentiels. La mise à distance des parcours de formation constitue une réponse possible et certainement incontournable, mais elle a besoin davantage de coopération entre les institutions que de concurrence débridée, de politiques coordonnées nationalement et internationalement que d’initiatives égotiques.
  • L’échec universitaire en première année est massif. Les universités dans leur forme actuelle n’ont pas trouvé, su mettre en place, des stratégies efficaces pour lutter contre cet échec. Il est reconnu que l’échec des étudiants tient à leur manque de préparation méthodologique aux études supérieures, à des lacunes dans l’exercice de leur autonomie et souvent à un manque de connaissances prérequises. Il pourrait donc être utile d’initier des moocs préparant les futurs étudiants à rassembler ces conditions nécessaires à leur réussite. Les besoins en la matière étant transversaux aux universités, leur collaboration permettrait d’atteindre la masse critique nécessaire aux investissements dans un mooc. Cela nécessiterait aussi que les initiateurs des moocs, bien loin des pratiques actuelles, s’intéressent aux étudiants en difficulté et non à ceux qui réussissent indépendamment des dispositifs dans lesquels ils évoluent.

Sans mémoire

Ce qui est surprenant, voire troublant et, avouons-le, parfois un peu rageant, c’est de constater que les initiateurs des moocs, ignorent presque tout, du moins ne se réfèrent pas à l’histoire, plus que centenaire, de la formation à distance. Pourtant, une des promesses initiales de celle-ci était bien de faciliter l’accès au savoir au plus grand nombre. L’ancêtre du CNED a été créé pour assurer la continuité du service public de l’éducation alors que de nombreux élèves étaient en exode lors de la seconde guerre mondiale. L’Open University de Grande Bretagne, mis en place en 1969, l’a été pour tourner le dos à l’élitisme du système universitaire britannique. La formation de plusieurs milliers d’étudiants à distance par la Télé-université du Québec, chaque année depuis plus de trente ans, a pourtant doté cette institution d’une réelle expertise pour rejoindre des publics éloignés. Depuis une dizaine d’années, les licences et masters en FOAD offerts par de nombreuses universités permettent à des étudiants éloignés de se former.

Un intérêt plus soutenu pour ces pratiques passées et actuelles permettraient au initiateurs des moocs de ne pas reproduire certaines erreurs. La plus importante de celles-ci étant de renvoyer l’apprenant à lui-même ou aux seuls échanges avec ses pairs en ne concevant et ne diffusant pas de réels services tutoraux.

Besoin de temps

Ce qui précède attire davantage l’attention sur les aspects inaboutis des moocs que sur leurs potentialités. Cela paraîtra peut-être injuste aux plus convaincus des moocs. Pour ma part, je suis persuadé que les insuffisances des moocs sont redevables à leur jeunesse et à leur prétention à la révolution faisant table rase de ce qui les a précédés.

L’histoire récente du e-learning a montré que les effets de mode, même en éducation, passent. Les normes étaient un sujet incontournable de tout prosateur ou conférencier du e-learning au début des années 2000. De nombreuses questions et orientations en la matière restent pourtant pendantes mais c’est passé de mode. Il y a trois ans, ne pas promouvoir les serious-games était presque une faute professionnelle, du moins le signe tangible de son inadaptation au temps numérique. Si aujourd’hui des serious-games sont développés, ils ont été éjectés de l’actualité. Qu’en sera-t-il des moocs dans deux ans ?

Il faut donc du temps pour y voir plus clair mais également pour que les moocs arrivent à maturité. Pour ce faire, le temps ne suffira pas. Il est indispensable que les initiateurs de moocs, au-delà des retours d’expériences qui ont tous les atours d’une promotion médiatique tous azimuts, engagent une réelle réflexion en s’ouvrant au dialogue avec leurs prédécesseurs en formation à distance et à l’altérité du monde éducatif.

A minima, plusieurs actions me semblent devoir être réalisées de manière prioritaire par les acteurs des moocs :

  • Abandonner la prétention de la révolution
  • Tirer les lecons de l’histoire de la formation à distance
  • Affirmer des valeurs et des buts positifs en substituant la collaboration à la compétition
  • Identifier sa plus-value sociétale
  • Enoncer son modèle économique
  • Trouver des solutions pour lutter contre l’abandon massif
  • Prendre en compte tous les aspects, et non pas seulement la gratuité, qui rendent accessibles une formation
  • Considérer les moocs comme une modalité à associer à d’autres au sein des dispositifs de formation

L’école des Annales au XXe siècle a profondément renouvelé la pensée et la pratique historique. Elle a mis l’accent sur les permanences au détriment des ruptures que constituent les événements. Elle a montré que l’écume de ceux-ci avait moins d’impact sur l’évolution sociétale que la manière dont les permanences se réactualisent au fil des époques. C’est pourtant Jacques Le Goff, figure des Annales, qui a produit un admirable « Saint Louis » en renouvelant profondément la pratique de la biographie, genre honni du mouvement des Annales.

C’est parce que les moocs ne sont pas sans histoire qu’ils ont peut-être un avenir.

Initialement publié sur mon site le 1/11/13
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