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Étiquette : Articles de fond

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Les LMS demain

Quelles seront les fonctionnalités les plus utilisées dans les LMS demain ? 

La plateforme de formation à distance, aujourd’hui noyau de tout dispositif de blended learning, a progressivement évolué pour suivre la demande des utilisateurs, et pour intégrer les outils technologiques apportés essentiellement par le web 2.0.

La demande des utilisateurs s’oriente de plus en plus vers une gestion des compétences plutôt que vers une gestion de la formation. La plupart des LMS intègrent donc, au moins partiellement, des fonctionnalités de gestion des compétences. Le LMS doit être capable d’évaluer l’écart entre compétences présentes et compétences à acquérir.

Les réseaux sociaux prennent progressivement leur place dans les processus d’apprentissage informel notamment. Ainsi de plus en plus de plateformes proposent une fonctionnalité (ou/et une connexion) de réseau social via lequel l’apprenant et l’enseignant peuvent échanger dans une même communauté.

Ces fonctionnalités, naissantes dans les LMS, sont certainement appelés à se développer, à la demande des entreprises, qui souhaitent que l’apprenant, le salarié, l’étudiant dispose d’un véritable environnement numérique de travail plutôt que d’une « simple » plateforme de formation.

Une autre évolution sera certainement à terme l’intégration dans les LMS de fonctionnalités d’e-commerce, encore peu présentes aujourd’hui. En effet, dans la mesure où l’utilisateur, via le catalogue de formation de mieux en mieux géré (recherche, filtre, auto-évaluation), peut choisir son parcours, s’y inscrire, on ne voit pas pourquoi il ne pourrait pas directement l’acheter sur la plateforme.

Et enfin une des évolutions déjà présente, est la possibilité d’apprendre de façon désynchronisée. L’apprenant suit un ou deux modules par exemple en mode déconnecté, puis lorsqu’il se reconnecte sur le système, son historique est mis à jour par le LMS : cela répond à l’évolution du monde professionnel dans lequel le travail est de plus en plus nomade et où la frontière entre temps de loisirs et temps professionnel est de moins en moins marquée.

Le développement des communautés d’apprenants va de pair avec la mise à disposition des médias sociaux dans les SLMS (Social Learning Management System). Ainsi l’apprenant inscrit sur un parcours de formation est automatiquement membre de la communauté apprenante associée

Via sa communauté, l’apprenant pourra échanger ses idées, agir sur le contenu du cours, partager ses pratiques, chercher des compétences expertes, communiquer avec d’autres membres, accéder au microblog…

Développer le « e-learning » dans un OF : des outils pour une démarche réflexive

La question du développement d’un projet e-learning dans un Organisme de Formation est particulièrement stratégique car elle suppose une double démarche d’accompagnement en complète interaction.

Accompagner les changements des pratiques et une réflexion sur le métier du formateur:

Le processus d’accompagnement du changement doit être intégré dans toute la démarche de projet en travaillant sur les questions clés suivantes :

  • Pourquoi changer ? (en tant que formateur dans mes pratiques et mon métier, dans la représentation que j’ai de mon métier et de mon identité de formateur)
  • Si je ne change pas que peut-il se passer ?
  • Quel peut être mon futur et celui de ma structure ?
  • Si j’accepte de changer, sur quelques axes puis-je changer et avec quelles limites ? (compte tenu du contexte)

De manière classique, ces questions sont abordées dans un groupe de parole et dans une démarche de type « coaching ». En projet e-learning, ces questions sont récurrentes, elles doivent rester ouvertes tout au long de la démarche d’accompagnement et de développement car elles vont se cristalliser au fur et à mesure de l’avancement.

Intégrer la démarche dans un projet plus large de Knowledge Management 

La production collective d’un dispositif et de contenus e-learning associés suppose, en phase de conception de projet (cahier des charge et scénarios des dispositifs de formation e-Learning /mix-Learning) de travailler sur une dimension de :

  • Capitalisation des compétences, savoirs clé et ressources pédagogiques (quelle stratégie de partage ?)
  • Production et diffusion des connaissances (en particulier pour les stratégies de formation mobilisables, les ressources et modules médiatisés)
  • Centralisation et diffusion de l’information (en interface avec la plateforme e-learning)

Sans rentrer ici dans le détail des outils méthodologiques et de gestion du projet FOAD, qui pourra faire l’objet d’articles complémentaires, il paraît important de souligner l’importance particulière de l’outil de travail collaboratif qui va être utilisé (en grande partie à distance) tout au long du projet, dans le cadre de cette double démarche :

L’outil doit permettre une conduite de projet directive avec une forte dimension pédagogique

Il s’agit non seulement de développer un plan de travail non seulement dynamique (on doit pouvoir le compléter et le faire évoluer au fil de l’expérience) mais également interactif (on doit pouvoir y associer toute ressources utiles : lien vers une page démo, vers un document de travail, mais aussi vers le forum, tout particulièrement pour développer le volet « accompagnement du changement »
Ainsi la forme la plus adaptée pour un tel pilotage est un wiki en interaction avec tous les autres éléments partagés.

  • Chaque formateur, développant au fur et à mesure son projet de manière accompagnée, doit pouvoir éditer un carnet de bord correspondant à l’avancement de son travail et permettant d’y inscrire tout lien avec tout document ou ressource de projet en entrée ou en sortie. Outre sa forme de Wiki qui est préférable, il est essentiel de l’ergonomie soit très simple au niveau de son éditeur ou grâce à la possibilité d’insérer « à la volée » les liens pointant vers l’ensemble des ressources en entrée ou en sortie, créées au fur et à mesure dans la base partagée, pointant également vers le forum et les fils de discussion ouverts.
  • Le plan de travail du projet doit permettre non seulement de partager les ressources crées avec des droits très « granularisables » par utilisateur, au niveau de chaque outil (par exemple : la liste de tâches) et au niveau de chaque objet (dossier ou document par exemple). La notion de « granularisation » des droits est essentielle car elle permet de travailler en mode projet en affectant des tâches et des ressources au niveau de groupe de travail mais également au niveau d’individus (permettant une relation 1 pour 1) entre le tuteur-animateur de projet et le formateur impliqué dans la réflexion et le développement de sa réflexion et de ses outils.
  • Le troisième élément est bien sûr la possibilité de gérer tout type de document dans la base documentaire partagée puisqu’il s’agira de partager : des documents de guidance, des plans de travail et tous les documents résultants (scénarios de formation, scripts de contenus, maquettes et modules de formation médiatisés produits qui doivent être fonctionnels dans l’espace).

Mon expérience en tant que formateur et accompagnateur de projet e-learning en OF m’a amené à choisir et utiliser la plateforme de bureau virtuel ContactOffice, en mode SaaS (Software-as-a-Service) ou en mode Licence (serveur propre). Ses fonctionnalités et son ergonomie explique sa conformité au Schéma Directeur des Espaces numériques de Travail (SDET) du Ministère de l’Éducation français. (Voir http://www.contactoffice.com)

Les secrets du succès de Moodle, le LMS Opensource

Vous pensez tout savoir sur le LMS opensource Moodle ? Mais que savez-vous de la communauté Moodle et de son succès dans le domaine éducatif ? Petit tour d’horizon des chiffres clés de l’utilisation de Moodle et du modèle économique sur lequel il s’appuie.

Inscrivez-vous sur moodle.org, vous voilà sur la plateforme Moodle 2.0. Moodle.org permet à ses utilisateurs de partager sur l’outil qu’ils utilisent en commun. La plateforme est elle-même le support des échanges sur son sujet, quoi de plus pratique pour se former à cet outil que de l’utiliser dans son élément privilégié, l’autoformation et le constructivisme ?

Quelques chiffres pour commencer

Les forums sont particulièrement actifs : assistance pédagogique, assistance technique, nouvelles générales et annonces, 450 messages mensuels sont postés en moyenne sur la partie francophone, questions et réponses des « moodleurs ». Le site intègre aussi les ressources dans tous les formats numériques supportés par Moodle et les activités que propose la plateforme : glossaire, chat, bases de données, wiki…

En France, 817 sites de Moodle en exploitation sont enregistrés, à l’échelle mondiale on en compte 53,757 mille au 11 juillet 2011.
Ces statistiques ne tiennent pas compte des Moodle installés en « local » ou utilisés en interne pour le partage de ressources et le travail collaboratif ni les sites de développement. Moodle existe en 78 langues et est utilisé dans 213 pays.

Qui sont les membres de la communauté Moodle ?

Moodle est largement plébiscité dans le monde universitaire ainsi qu’en collèges et lycées. Ce secteur représente 59% des installations comme le représente le graphique réalisé à partir du résultat d’un sondage permanent réalisé sur « Using Moodle » le cours qui centralise les « moodleurs »  du monde entier.

Il est intéressant de constater que parmi les 41% restant on trouve 15% d’entreprises. Il est difficile d’identifier les organismes de formation privés ou publics qui utilisent Moodle derrière les catégories « Privés » et « Autres ». « Privés » traduisant ici le  terme anglais « Independant Teaching » qui peut recouvrir à la fois les écoles et les organismes de formation privés.

1603 personnes seulement ont répondu à ce sondage sur les 1,075 million  moodleurs mais on peut affirmer que cette représentation majoritaire du corps enseignant se retrouve également au niveau francophone d’après les profils publics des moodlers francophones.
Peu d’indicateurs permettent d’identifier l’usage qui est fait de Moodle en entreprise et dans le secteur de la Formation Professionnelle Continue en France.

Il est très probable que les moodleurs du monde de l’entreprise ou de la FPC*1 ne communiquent pas aussi ouvertement sur leur utilisation de Moodle que les acteurs de l’enseignement. Pour quelles raisons ?

La communauté Moodle francophone se réunissait du 27 au 29 juin à Hammamet en Tunisie pour le 7e Moodlemoot francophone, nous avons posé la question à Nicolas Martignoni*2 qui pointe l’utilisation plus large de Moodle dans les entreprises du monde anglophone et estime que son usage est plutôt en interne dans les entreprises françaises.

On peut émettre les hypothèses que l’environnement dans lequel travaillent les moodlers du monde de l’entreprise ou de la FPC est plus concurrentiel que celui de l’enseignement, que les usages de partage et la dynamique de réseau sont encore limités au sein de ces structures et enfin que certaines attentes des acteurs de la formation professionnelle sont spécifiques et ne trouvent pas réponse auprès des professeurs et acteurs de l’enseignement.

L’environnement Moodle est-il adapté au monde de l’entreprise et de la FPC ?

Selon Jérôme Demiaux, moodleur particulièrement utile*3, administrateur du site d’accompagnement pédagogique de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon :

« Cela dépend de la taille des entreprises : les grandes entreprises attendent des solutions clés en mains, et sécuritaires, avec Moodle tout est à créer : la pédagogie, les ressources ils n’ont pas la capacité de créer l’ingénierie, les contenus c’est la raison pour laquelle ils veulent du tout prêt.
Avec Moodle on ne vend rien : on donne, le gratuit cache quelque chose : il y a des risques, pas de maintenance, pas de réseau commercial »

Moodle est tellement « modelable » qu’il peut s’adapter à des projets variés.
Comme tout outil, il sera choisi en réponse aux besoins exprimés dans le contexte de chaque projet.

Le forum anglophone « Moodle Business Uses » est dédié à l’utilisation spécifique de Moodle pour les professionnels du e-learning. On y trouve la réponse aux problématiques du domaine. Intégration d’applications externes propriétaires : outils auteurs, classes virtuelles, conception de contenus normés permettant l’interopérabilité…

Face aux  enjeux forts de la formation professionnelle tout au long de la vie, en réponse aux changements qui bouleversent notre société, qu’en sera-t-il sur les prochaines années ? Le modèle collaboratif ne va-t-il pas devenir rapidement incontournable ?

Quel modèle économique ?

Vous connaissez la communauté Moodle qui est la partie la plus visible, mais connaissez vous Moodle Trust ?
Nicolas Martignoni nous donne les clés de lecture de ce modèle efficace dans les sessions d’ouverture du Moodlemoot.
Moodle Trust est la société qui gère, développe le logiciel et coordonne le projet Moodle dans son ensemble. Moodle Trust est principalement représenté par les « Headquarters », l’équipe d’administration, composée à ce jour de 19 personnes.

Connaissez vous les Moodle Partners ? Ce sont des sociétés, environ 50 réparties dans le monde, qui ont reçu l’agrément du Moodle Trust pour vendre des services liés à Moodle. Les Moodle Partners peuvent apporter aux « Clients Moodle » (écoles, entreprises ) toutes réponses professionnelles en termes de développement et de support. Ils contribuent au développement de Moodle à la fois par leur expertise, mais aussi par le versement de redevances au Moodle Trust. Ce sont donc principalement les Moodle Partners qui « font vivre » économiquement Moodle en commercialisant les services qui y sont liés.

Plusieurs statuts existent pour les développeurs Moodle, répartis sur tout le globe. Ils peuvent appartenir à des institutions qui utilisent Moodle ou bien faire partie des Headquarters ou des Moodle Partners. La communauté Moodle comprend de nombreux développeurs qui apportent régulièrement de nouveaux plug-in ou fonctionnalités.

Ce modèle économique permet de proposer une garantie aux entreprises qui recherchent un service fiable et sécurisé et également l’utilisation gratuite du logiciel pour les écoles ou universités qui ne souhaitent pas investir dans un LMS propriétaire mais sont prêtes à retrousser leurs manches pour assurer son installation et sa maintenance en toute autonomie.

Le modèle favorise alors la philosophie pédagogique de Moodle, l’apprentissage par essais / erreurs, la boucle est bouclée : autoformation et constructivisme font aussi partie du modèle économique !

*1 FPC : Formation Professionnelle Continue
*2 Nicolas Martignoni est coordinateur de la communauté francophone et responsable de la traduction de Moodle. Il présente chaque année lors de la séance d’ouverture du Moodlemoot les évolutions de Moodle et relève certains aspects importants et moins connus comme l’environnement économique de Moodle.
*3 Moodleurs particulièrement utiles : Ces participants ont récemment écrit un grand nombre de messages « utiles » dans les forums de Moodle en français, d’après les évaluations de la communauté francophone de Moodle

7 étapes pour réussir votre projet d’implémentation d’un Serious Game

Intégrer un serious game dans un dispositif de formation doit être une décision mûrement réfléchie. Suivez ces 7 étapes pour construire un dispositif de formation incluant un serious game, adapté à votre organisation et votre contexte.

Cette méthode s’inspire du référentiel des bonnes pratiques FOAD[1], élaboré par le FFFOD et édité par l’AFNOR. Elle se compose de 7 étapes de l’analyse du besoin à la phase d’évaluation du dispositif mis en œuvre et s’appuie sur une approche systémique.

1• Etudier et formaliser la demande de dispositif

Il s’agit de bien comprendre le besoin du commanditaire de la formation pour mieux y répondre. Pour cela, passez par une phase d’interviews minutieuses. Puis, rédigez une fiche d’analyse préalable du projet sur laquelle vous vous appuierez tout au long de votre projet.

Cette étape vise donc à :

  • Identifier et rédiger les objectifs du projet : objectifs stratégiques et de performance, objectifs de formation (pédagogiques et opérationnels)
  • Définir les besoins à combler
  • Identifier les contraintes (techniques, pédagogiques, organisationnelles etc.)
  • Rédiger la fiche d’analyse préalable du projet

2•  Procéder à un diagnostic préalable.

Une analyse stratégique vous aidera à correctement positionner votre projet au sein de votre organisation, en respectant la stratégie dictée par la Direction.

Cette étape vise à :

  •  Positionner l’organisation dans son contexte
  •  Analyser l’organisation dans laquelle va venir s’intégrer le dispositif de formation
  • Définir la place du projet dans la stratégie de l’entreprise
  • Identifier les parties prenantes du projet ainsi que leurs freins et leurs moteurs
  • Récupérer les informations nécessaires pour alimenter l’étape de construction du dispositif

3•  Concevoir le dispositif de formation

A partir des données et informations récoltées durant les deux premières étapes, vous êtes à présent en mesure de concevoir un dispositif de formation en adéquation avec toutes les contraintes énoncées.

Il s’agit ici de :

  • Prendre en compte la culture formation de l’entreprise
  • Imaginer différents scénarii de formation
  • Comparer les scénarii sur des critères objectifs
  • Disposer d’éléments clairs et chiffrés permettant une prise de décision éclairée.

4• Mettre en œuvre le plan d’action opérationnel du projet

L’étape suivante consiste à imaginer, rédiger puis mettre en œuvre le plan d’actions opérationnel.

Elle doit permettre de :

  • Constituer le comité de pilotage et le comité projet
  • Identifier les collaborations à prévoir
  • Planifier toutes les étapes du projet
  • Organiser l’ensemble du projet
  • Consulter et choisir le ou les prestataires

5• Développer le serious game

Vous avez choisi vos outils et/ou vos prestataires. Il s’agit à présent de concevoir puis réaliser le serious game en tant que tel…

Méthode traditionnelle ou méthode agiles ? Peut être un mix des deux selon le prestataire à qui vous aurez confié la réalisation.

Pour en savoir plus, je vous invite à lire cet article à ce sujet.

6• Déployer le dispositif, communiquer et accompagner les apprenants.

Il s’agit ici d’une part de mettre en place tout l’accompagnement (pédagogique, technique et organisationnel) du dispositif pour la réussite de votre projet. D’autre part, de déployer des actions de communication pour favoriser son appropriation par les apprenants et les autres acteurs du dispositif. Ceci est bien entendu à penser au cas par cas, selon les habitudes communicantes de votre organisation.

7• Evaluer le dispositif

Cette étape est souvent « crainte » par les responsable formation car elle suppose de mesurer l’efficacité d’un dispositif de formation qui, par définition, ne se suffit pas à lui-même (il est souvent accompagné d’autres actions concourant aux mêmes objectifs). De plus, on dit souvent qu’elle est particulièrement délicate à mettre en oeuvre.

Or, si les premières étapes de la méthode ont été correctement suivies, cette étape peut n’être qu’une simple formalité…

En listant les objectifs en phase 1 (objectifs stratégiques, de performance et de formation), vous avez finalement posé les marqueurs qui serviront à l’évaluation du dispositif, le tout en respectant le modèle d’évaluation de Donald Kirkpatrick en 4 niveaux :

  • Niveau 1 : Evaluation des réactions
  • Niveau 2 : Evaluation des apprentissages
  • Niveau 3 : Evaluation du niveau de transfert
  • Niveau 4 : Evaluation des résultats

En conclusion…

Nous ne le répéterons jamais assez : faites-vous accompagner dans votre projet, en amont, pour développer des contenus qui seront à la fois pédagogiquement efficaces, graphiquement agréables et techniquement irréprochables et qui sauront s’intégrer harmonieusement dans votre dispositif de formation.

Prenez de la hauteur par rapport à votre projet : la construction du serious game, en tant que tel, n’est finalement qu’une étape parmi 7..ce n’est pas sur celle-ci que vous devez focaliser votre attention mais bien sur l’ensemble du dispositif de formation lui-même intégré dans votre organisation et son contexte.


[1] Référentiel des bonnes pratiques FFFOD – AFNOR – 2004

Bénéfices organisationnels de l’e-formation

Les pratiques intégrées de l’e-Formation (ou e-Learning) au sein des organisations professionnelles d’aujourd’hui se banalisent. En France, malgré un certain retard par rapport à d’autres pays européens, ce marché est en croissance (+15% entre 2008 et 2009 ; + 25% entre 2009 et 2010) et il le sera de plus en plus au cours des prochaines années (de 30% à 40% une étude du cabinet Féfaur).

Un des facteurs de croissance de ce marché est lié au contexte économique difficile auquel les organisations professionnelles sont confrontées. Les contraintes financières se faisant pressantes, les décideurs privilégient de plus en plus des solutions de formation à la fois flexibles, performantes et économiques.

C’est dans ce contexte financièrement tendu que les bénéfices les plus visibles de l’e-Formation s’expriment le plus clairement. En effet, il est communément admis que le premier niveau de bénéfices offerts par les solutions d’e-Formation professionnelles concerne les économies réalisables sur le budget de formation du personnel :

  •  Pas de frais de déplacement et d’hébergement des stagiaires ;
  • Economie de temps (et donc d’argent) attribuable à la durée globale de la formation (déplacement + hébergement + délivrance de la formation) ;
  • Supports et manuels de formation/auto-formation numérisés et centralisés (moins de frais d’impression, moins de frais de mises à jour, respect de l’environnement) ;
  • Economies d’échelles réalisables (un parcours d’e-Formation peut être diffusé massivement vers une audience dispersée géographiquement) ;
  • Diminution des besoins et frais de l’accompagnement (formateur présentiel > eTuteur distanciel) ;
  • Etc.

D’un point de vue financier, ces avantages paraissent évidement séduisants. Il est néanmoins nécessaire de les mettre en perspective avec le point de vue pédagogique lié aux ressources et modalités de l’e-Formation. La finalité organisationnelle étant bien sûr l’acquisition, par les personnes, de connaissances et de compétences utiles pour servir avec pertinence et performance des objectifs d’affaires stratégiquement définis…

Or, d’un point de vue pédagogique, toutes les solutions d’e-Formations ne se valent pas. Il faut donc bien préciser que les économies potentiellement réalisables grâce à l’e-Formation sont dépendantes d’une qualité pédagogique (incluant la qualité de l’accompagnement) au moins égale à celle qui serait proposée dans une modalité de formation professionnelle traditionnelle (stage de formation).

Généralement, lorsque la pertinence et la qualité pédagogique sont bien présentes dans une solution d’e-Formation, il est habituel de constater que les bénéfices vont bien au-delà de ce premier niveau de bénéfices économiques. Un second niveau de bénéfices touche à la performance générale de l’activité d’une organisation professionnelle. Ainsi, intégrer les pratiques de l’e-Formation, constitue le point de départ d’un processus développant progressivement des avantages organisationnels et stratégiques.

Potentiellement, une solution d’e-Formation de bonne qualité, plaçant l’apprenant au centre du processus d’ingénierie pédagogique, permet de proposer un apprentissage amélioré et donc plus efficace qu’un apprentissage selon une modalité traditionnelle. En 2010, un article du magazine l’Expansion, souligne que l’e-Learning peut désormais proposer de meilleures expériences de formations et d’apprentissages que celles proposées par la modalité traditionnelle. En d’autres termes, les personnes apprendraient plus, mieux et plus vite grâce aux e-Formations bien conçues et réalisées. Elles pourraient transférer plus efficacement et plus qualitativement leurs acquis dans leurs pratiques professionnelles courantes, ce qui en conséquence irait au bénéfice direct de la performance d’une organisation.

Enfin, un troisième niveau de bénéfice organisationnel peut être distingué à partir de l’exploitation dans une organisation des pratiques d’e-Formations et d’une certaine maturité dans l’exploitation des technologies de l’information, de la communication et de la collaboration. Ce troisième niveau caractérise ce que l’on appel aujourd’hui les organisations apprenantes. Le travail, la collaboration, la socialisation, la gestion des connaissances, l’apprentissage formel et informel s’y trouvent intimement liés et laissent émerger ce que le Théoricien Etienne Wenger (1998) définit et nomme « une communauté de pratiques ». Un groupe d’individus qui partagent régulièrement points de vue, idées, passions, travaux, dans le but commun d’une entreprise. Engagés dans de telles interactions, les membres d’une communauté de pratiques développent des compréhensions communes qui permettent de trouver des solutions, d’améliorer les processus de travail et les pratiques professionnelles. En résumé, une organisation qui apprend à mieux travailler, gérer et mener une activité professionnelle.

Références

  • Etude du cabinet FéFaur « L’offre professionnelle eLearning en France » (2010)

Quelques usages du service scoop.it

Scoop.it est un outil de curation…

Présentation

Scoop.it est un des outils de curation qui voient le jour en ce moment. Si le terme « curation » écorche encore nos oreilles de par sa nouveauté et aussi du fait qu’il n’est pas très beau, il désigne une pratique déjà ancienne mais en partie renouvelée par ces nouveaux outils. Il s’agit tout simplement de mettre à disposition les résultats les plus pertinents de la veille que l’on effectue. Les abonnements à des flux RSS, agrégés dans des outils comme Google Reader ou Netvibes ramènent de nombreuses informations mais bien peu se révèlent intéressantes, utiles pour un usage immédiat ou futur. C’est là qu’intervient le site de curation. Il permet de mettre à disposition non pas l’ensemble des résultats de sa veille mais une sélection de ceux-ci. Un site de curation traduit donc les intentions et les intérêts du curator.

Les usages

Les usages qui peuvent en être fait sont tout d’abord de garder mémoire des informations qui nous ont intéressées et de les mettre à disposition de ces différents réseaux. Il est toutefois possible d’imaginer rapidement d’autres usages : mettre à disposition sous une nouvelle forme, type revue de presse, le contenu d’un site, rassembler dans un même espace les différents sites de curation que l’on gère, réaliser un site de curation des sites de curation de ses contacts… Bien d’autres usages sont certainement à penser et à développer.

Première évaluation

Scoop.it, dont l’accès se fait par cooptation pour l’instant, présente plusieurs fonctions intéressantes. La première d’entre elles, non révolutionnaire mais toujours utile, est de pouvoir tagger les différents posts et donc de pouvoir les retrouver plus facilement ensuite. Cet outil permet aussi de s’abonner à différents flux et propose ensuite la publication des informations recueillies. L’interface est simple et la mise en œuvre d’un site de curation ne demande que quelques minutes.

Des insuffisances sont néanmoins perceptibles. Il manque un moteur de recherche permettant de retrouver aisément les informations recherchées sur le site de curation. La présentation graphique est très peu modifiable. La manipulation et le classement des posts est rudimentaire. Il serait également nécessaire que la gestion d’un site de curation puisse être effectuée par plusieurs curators afin de répondre plus complètement aux standards du web 2.0.

Quelques exemples personnels de l’utilisation de scoop.it

Site de présentation des résultats de veille de t@d, la communauté de pratiques des tuteurs à distance

Site de présentation  de site existants http://www.scoop.it/t/site-professionnel-de-jacques-rodet et http://www.scoop.it/t/tut

Site de sites de curation http://www.scoop.it/t/jrodet/

Site de sites de curation de contacts http://www.scoop.it/t/friendlyscoopit

Bonnes découvertes à vous !

Anticipation des usages vs bénéfices pour l’apprenant

Il y a quelques semaines j’avais publié un article sur ce site consacré à l’effet diligence. Il s’agit de cet effet qui conduit, lors de l’apparition d’une nouvelle technologie, à transposer les formes et les usages antérieurs avant de pouvoir dépasser ce stade et développer de nouvelles fonctionnalités. Ainsi les premières voitures ressemblaient à des diligences, avant de se transformer complètement.

Parfois, les anticipations technologiques que nous faisons nous conduisent à imaginer des usages qui ne se réalisent pas, même quand la technologie devient disponible.

Je vous invite pour illustrer ce propos à consulter un post de Xavier Delaporte sur InternetActu relatant un papier de Keith Kleiner consacré au chat vidéo. Dans cet article, Keith Kleiner s’interroge sur la faible utilisation du chat vidéo, alors que lorsque l’on observe les films de science fiction, le mode de communication du futur est très souvent représenté sous cette forme. Pourquoi, maintenant que la technologie est disponible gratuitement, les utilisateurs ne la plébiscite pas ? Je vous renvoie à l’article pour connaître la réponse complète développée par l’auteur. Je vais plutôt ici essayer de transposer cette analyse au contexte du e-learning.

Keith Kleiner exclue les causes technologiques liées à la qualité de la vidéo. Il indique que cela n’empêche pas les internautes de visualiser des vidéos de mauvaise qualité sur Youtube prises à partir de téléphones portables. Dans le monde du e-learning, nous avons fait ce constat depuis très longtemps. Le média a peu d’importance.

Il voit plutôt les causes de cette faible utilisation dans le type d’interactions sociales entre êtres humains que veulent mettre en place deux interlocuteurs. La question centrale est donc la communication et non la technologie.

Dans la construction des dispositifs e-learning, nous sommes confrontés à ces questions : quand doit-on utiliser des technologies synchrones ? Asynchrones ? Que fait-on du mobile Learning ? Faut-il mettre la vidéo de l’animateur dans une classe virtuelle ? Et celles des apprenants ? Faut-il laisser le chat privé entre utilisateurs actif lors de classes virtuelles ?… Nous serons de plus en plus confrontés à des nouvelles questions de ce type et nous pouvons voir que nos anticipations basées sur les capacités de la technologie nous abusent parfois (souvent ?). De même la transposition des pratiques de la formation présentielle peut également nous induire en erreur. Prenons par exemple l’usage du chat privé dans les classes virtuelles. Beaucoup de formateurs que j’accompagne souhaitent ne pas autoriser les apprenants à utiliser le chat privé pendant le cours. Ils transposent la notion de bavardage pendant la classe. Or, dans le contexte est très différent de la salle de cours. Le bavardage ne fait pas de bruit. Le fait de ne pas bavarder ne garantit pas une écoute attentive (ce qui est vrai dans la salle de cours également ;-). L’apprenant peut réécouter le formateur sans lui demander de répéter grâce à l’enregistrement. Et surtout, les moments synchrones sont des moments d’échanges entre les participants qui développent l’appartenance à une communauté ce qui est à la fois essentiel dans une formation, et plus difficile à construire dans une formation à distance. Il faut donc ouvrir ces fonctions car elles sont bénéfiques pour l’apprenant.

Il s’agit donc pour les concepteurs de revenir en permanence à la notion de bénéfice pour l’apprenant. Il faut être à l’écoute, observer. J’ai assisté hier soir à une conférence d’Eliott Masie sur les usages de l’Ipad. Il indiquait qu’un des usages les plus répandus était l’utilisation comme un deuxième écran. On utilise l’Ipad en même temps que la télévision, ou en même temps qu’un ordinateur. J’ai souris car je me suis reconnu comme utilisateur. Cet usage n’est pas évident a priori. Ce que recherche l’utilisateur c’est la synchronicité et la complémentarité. Cela implique des contenus différents, qui se complètent entre les types de terminaux. Le rôle du concepteur est donc de plus en plus d’observer, d’analyser les usages, de concevoir des contenus adaptés à ces usages, mais aussi de promouvoir de nouveaux usages et de favoriser le partage des bonnes pratiques. C’est évidemment une aventure passionnante !

Un serious-game à 4 briques…

Nous l’avons vu dans un précédent article, le terme « serious game » est aujourd’hui, en quelque sorte un « mot valise » : chaque éditeur y va de sa définition pour asseoir sa vision de ce que doit être un « serious game ». Néanmoins, d’où qu’ils viennent, les serious games sont tous constitués des quatre mêmes éléments.

Un certain flou sémantique (ou un joli bazar !) règne dans le monde du serious game : nous ne comptons plus les termes censés se retrouver sous  ce vocable. Néanmoins, tirant leçon des dizaines de produits déjà réalisés par des éditeurs différents,  nous pouvons isoler quatre éléments  qui composent un serious game : le fond, la forme, la mécanique et la dramaturgie.

Le fond

Dans un serious game, le fond c’est bien sûr en premier lieu le contenu pédagogique à transmettre.  D’ailleurs, comme pour un projet e-learning plus classique, la première tâche à mener dans un projet de conception de serious game est de recueillir puis analyser le contenu à scénariser avant de lister les messages clés et définir les objectifs pédagogiques et opérationnels à atteindre.

Mais le fond, c’est aussi un certain nombre de valeurs que le commanditaire du serious game souhaite transmettre. En réalité, ces valeurs , correctement identifiées et utilisées, vont servir de « liant » :

  • d’une part le contenu a plus de chance d’être en phase avec l’esprit de l’organisation : son histoire, sa légende, ses lois tacites, les comportements encouragés etc.
  • d’autre part en incluant ces « valeurs » dans l’histoire racontée et dans les règles du jeu, le concepteur crée une homogénéité d’ensemble.

En réalité, nous le savons tous d’instinct : une valeur ne se décrète pas, elle se vit. Quoi de mieux qu’un jeu pour cela ?

La forme

La forme du jeu est portée par un ensemble d’éléments graphiques et sonores, souvent appelé « look and feel », qui donne la tonalité de l’univers créé et contribue à générer une atmosphère, une ambiance.

Rappelez-vous par exemple, In Memoriam, un jeu vidéo édité par Ubisoft en 2002-2003. Ce jeu a reçu de nombreux prix, bien sûr pour la qualité de son scénario, la complexité de ses énigmes (que d’heures passées pour ma part sur certaines d’entre elles…) et pour les avancées technologiques du jeu (ce fut le premier jeu à s’appuyer sur le web, en mélangeant des informations fictives dans des sites internet bien réels). Mais le vrai « plus » du jeu, c’est cet univers noir, feutré, malsain, poisseux que vous retrouviez à chaque énigme avec pour fil rouge une obscure histoire de tueur en série.

Bien entendu, nul besoin de développer des histoires aussi terrifiantes et glauques pour appuyer votre futur serious game !

L’idée est surtout de créer un univers cohérent, une atmosphère spécifique qui contribuera à la fameuse « immersion » dont nous sommes bien d’accord qu’elle constitue un atout maître du serious game.

La mécanique

La « mécanique » d’un jeu repose sur ce que l’on appelle le « Gameplay« . Pour la petite histoire, ce terme désignait initialement la manière dont le jeu se joue : « how the game plays ». C’est en fait une référence aux modes d’emploi qui étaient visibles sur les bornes d’arcade d’antan et qui décrivaient les combinaisons de touches à utiliser dans le jeu !

Au final, le gameplay c’est l’ensemble des mécanismes et éléments servant à l’interaction : actions, contrôles, interface, règles du jeu etc. Le gameplay inclut également plus largement la jouabilité, la maniabilité et la notion de difficulté du jeu.

Un serious game doit être utilisé par des apprenants dont les profils peuvent être très différents mais il doit être utilisable par le plus grand nombre : il faut donc prendre en compte leurs aptitudes face au jeu et à l’outil informatique en général.

C’est une lapalissade mais vos apprenants sont là pour apprendre ! Ils ne doivent pas passer de longues minutes à trouver une combinaison de touches ! L’objectif n’est pas d’en faire des joueurs invétérés mais des professionnels avertis sur la thématique déclinée dans le jeu.

Ainsi respectez quelques règles :

  • imaginez une interface simple et des contrôles de jeu intuitifs.
  • développez un jeu facile à prendre en main avec un apprentissage progressif des manipulations à connaître (on parle ici aussi de « courbe d’apprentissage » qui doit progressivement rendre l’apprenant autonome dans son utilisation du jeu)
  • ne faites pas attendre le joueur : les manipulations doivent avoir une répercussion immédiate à l’écran.

La dramaturgie

Un serious game se caractérise d’abord par le type et le genre de jeu. Il existe 5 grands types de jeu issus de l’industrie du jeu vidéo : Action, aventure, stratégie, simulation et réflexion.

Le genre s’apparente d’avantage au style cinématographique. David Perry dans son ouvrage Gamedesign a brainstorming toolbox, liste les genres les plus utilisés dans le jeu vidéo : guerre, arts martiaux, enquête etc. Il en dénombre 18 au total…vous avez donc le choix !

En réalité, peu importe le genre choisi ; pour être efficace et immersif, le jeu doit avant tout raconter une histoire cohérente, intéressante, captivante. Pour cela il est nécessaire d’imaginer un scénario et divers éléments qui donneront corps à l’ensemble : le contexte, le vécu des personnages par exemple, leurs caractéristiques physiques, leurs traits de caractère, etc.

Surtout, le choix du genre et du type de jeu doit être bien réfléchi au vu des objectifs pédagogiques à atteindre et des valeurs à véhiculer.

En réalité, vous l’aurez compris : tout ceci repose en grande partie sur le talent des concepteurs du serious game, les game designers, les graphistes, les développeurs etc. Faire un serious game à la fois efficace pédagogiquement, visuellement bluffant, techniquement irréprochable, jouable par le plus grand nombre et intéressant pour tous, demande beaucoup d’imagination mais aussi de la méthode, de la rigueur et des outils. C’est ce dont nous parlerons lors d’un prochain article !

De formateur présentiel à e-tuteur…

Un formateur présentiel qui se voit amené, de manière plus ou moins volontaire, à intervenir dans une FOAD, et donc à investir des fonctions tutorales, peut manifester des réticences face à cette évolution professionnelle.

Ces réticences sont principalement liées à la représentation qu’il a de sa professionnalité, à un sentiment de perte de qualité de la relation pédagogique, à des appréhensions liées à sa capacité à développer les nouvelles compétences exigées par la distance.

La professionnalité du formateur

Chaque formateur a des motivations personnelles qui l’ont amené à exercer cette profession. Eu égard au nombre marginal de formateurs ayant réalisé une formation initiale les préparant à exercer leur métier de formateur, il apparait que la principale représentation de leur professionnalité réside dans la conscience de leur savoir disciplinaire et de leur expertise. Il en résulte qu’ils adoptent fréquemment des pratiques pédagogiques peu conscientisées qui relèvent souvent de la reproduction de celles qu’ils ont vécues comme apprenant. La prégnance du modèle pédagogique transmissif s’explique en grande partie par cet état de fait. Leur détention d’un savoir, qu’ils sont amenés à transmettre, fonde tout à la fois leur légitimité à être formateur et leurs pratiques pédagogiques.

Lors de la mise à distance de la formation qui distingue temporellement de manière très forte les phases de conception et d’animation, ils peuvent nourrir un sentiment de perte de leur professionnalité lorsqu’ils ne sont pas en situation de produire les ressources de contenu de la formation. D’un statut d’artisan qui maîtrise l’ensemble du processus de formation, de la conception à l’évaluation en passant par l’animation, ils sont amenés à s’inscrire dans une chaîne de production partiellement industrialisée.

C’est pourquoi, il me semble important, d’amener les formateurs en présentiel devenant e-tuteurs à modifier leurs représentations sur leur métier. S’il est toujours demandé à un e-tuteur de maîtriser un contenu –  les enquêtes effectuées auprès des apprenants à distance montrent régulièrement que ceci persiste à être un élément décisif pour la reconnaissance de la légitimité du e-tuteur par les apprenants – il est certain que cela ne lui sera pas suffisant pour investir ses fonctions d’accompagnement et de support à l’apprentissage. Cette modification de leurs représentations passe par la prise de conscience que la transmission n’est pas l’alpha et l’oméga de la formation et que le chemin emprunté, la démarche pédagogique, les médiations et les remédiations sont la plus-value toujours indispensable à l’apprenant face à l’étude des ressources médiatisées. Moins enseigner et plus former, plus accompagner, plus soutenir, plus aider les apprenants, sont les actions autour desquelles se cristallise un changement de posture professionnelle : objectif central de toute formation au e-tutorat.

La crainte d’une relation pédagogique amoindrie

Beaucoup sinon la quasi-totalité des formateurs en présentiel ont choisi ce métier parce qu’ils ont un goût, une appétence pour les relations humaines, pour les interactions avec les apprenants. De même, ils apprécient le cadre privilégié qu’est la salle de formation qui autorise l’auto-commande, l’indépendance, voire le secret, et qui constituerait la condition nécessaire et suffisante à « l’alchimie pédagogique ».

Leur sentiment de perte provoqué par la mise à distance de la formation est donc nourri tout à la fois par la condamnation à une communication médiatisée faisant peu de place au non verbal et par le fait que les murs de la salle devenant plus transparents, ils s’exposent au regard de tiers précisément exclus en situation présentielle.

Il serait vain d’argumenter sur l’équivalence de la relation pédagogique pouvant être entretenue en présentiel et à distance. Il y a bien perte mais, et ceci est moins facilement identifiable par les formateurs en présentiel, également gain. Quelques soient les situations médiatiques, y compris celles qui comme la vidéoconférence se rapproche le plus du face à face, il existe toujours un amoindrissement de la communication. Le cadre défini par la webcam, sans même parler de la taille ou de la résolution de la transmission vidéo, ampute la communication non verbale. Un débit insuffisant et c’est l’énonciation qui peut se voir impacter. Les regards échangés, les postures, la vision panoramique du groupe sont sources d’indices pour le formateur en présentiel dont le e-tuteur ne bénéficie pas, à plus forte raison s’il communique de manière écrite et asynchrone avec les apprenants. Il y a donc bien perte et il est, à mon sens, contreproductif de ne pas le dire clairement aux formateurs futurs e-tuteurs. Toutefois, il est également nécessaire d’attirer leur attention sur les gains que la distance procure. A l’heure où l’individualisation et même la personnalisation de l’apprentissage sont de plus en plus demandées, il faut bien reconnaitre que la formation présentielle n’est pas, sur ce point, en position de force vis-à-vis de la formation en ligne. En effet, si l’on conçoit aisément que la prise en compte des caractéristiques individuelles des apprenants reste de l’ordre du fantasme pour un enseignant en amphi, il existe aussi une certaine illusion à la croire pleinement possible en face à face avec un groupe restreint d’apprenants. L’unité de temps et de lieu impose un rythme uniforme à tous les apprenants du groupe. Le rassemblement physique rend la gestion de la dynamique du groupe prépondérante par rapport à la formulation de réponses aux attentes individuelles. Au contraire, la distance qui dissocie l’unité de temps et de lieu, les échanges asynchrones qui permettent le respect des disponibilités et des rythmes individuels deviennent autant d’occasions de mette en œuvre l’individualisation. Dès lors, la relation pédagogique  transformée ne perd pas en qualité et peut même y gagner.

Si la distance offre des solutions à l’individualisation, elle n’est pas non plus sans atout pour susciter la collaboration et la confrontation collective, la négociation du sens. La popularisation des outils de communication rend aujourd’hui possible ce qui hier ne l’était pas : organiser des débats, des activités collaboratives, des situations d’entraide. Ces outils permettent de réactualiser le fait que si l’on apprend toujours seul, on apprend jamais sans les autres.

Tenir un tel propos est néanmoins insuffisant pour emporter l’adhésion des formateurs en présentiel les plus réticents. Il est indispensable de mettre ceux-ci dans la posture d’apprenants à distance, de leur faire vivre la situation et de les amener non seulement à ressentir les difficultés de l’apprentissage à distance mais dans une démarche réflexive de penser les interventions possibles pour mieux répondre aux besoins d’aide des apprenants à distance. Le fait qu’ils puissent observer, comme c’est le cas en formation de formateurs, les attitudes et les actions de leur e-tuteur est très propice au développement de leurs compétences. Il est certain que ces sessions de formation devraient aussi prévoir un accompagnement des e-tuteurs novices dans leurs premières actions d’accompagnement d’apprenants à distance par des e-tuteurs expérimentés. Enfin, susciter l’émergence de communautés de pratique de e-tuteurs est une modalité de formation continue à ne pas ignorer.

S’autoriser à être pour devenir e-tuteur

L’autorisation à être, comme nous le montrent de nombreuses formations initiales professionnelles qui incluent la rédaction de mémoires peut passer par « l’auteurisation ». Etre capable de s’exprimer par écrit est une des compétences centrales du e-tuteur. Que ce soit pour répondre à un mail, intervenir dans un  forum, chatter, twitter, l’écriture dans toutes ses variantes, est un exercice quotidien du e-tuteur.

Si l’oralité est moins présente à distance qu’en présentiel, il convient pour les e-tuteurs de maîtriser les situations communicationnelles de l’entretien téléphonique, de l’audioconférence, de la vidéoconférence… Ce qui caractérise ces situations par rapport à celle de la formation présentielle, c’est qu’elles sont plus limitées dans le temps, mais aussi que l’attention des apprenants est entièrement focalisée sur le propos. Il appartient donc aux e-tuteurs de préparer davantage leurs interventions, de transférer leurs compétences de concepteurs de déroulé pédagogiques pour produire des scénarios d’interactions tutorales.

Une des difficultés perçues par les formateurs en présentiel pour interagir à distance est liée à la perception de leur capacité à maîtriser les outils de communication. Les réponses apportées se traduisent trop souvent par des formations centrées uniquement sur les fonctions de ces outils. Certes, cela s’avère nécessaire mais, plus important, est de leur permettre de développer une réflexion sur les usages pédagogiques de ces outils. Pourquoi choisir tel ou tel outil ? Dans quelles situations ? Pour atteindre quels buts ? Avec quelle efficacité ?

Chaque formateur présentiel peut devenir e-tuteur !

Devenir e-tuteur nécessite de la part d’un formateur présentiel une prise de conscience sur l’évolution de la formation et de son métier, l’acceptation et/ou l’intérêt à repenser sa professionnalité, l’identification des différences, des pertes et des gains liés à la relation pédagogique à distance, l’engagement dans un parcours de formation. Si le formateur présentiel accomplit ces efforts, il est important de rappeler que d’autres sont à effectuer par les organisations qui les font travailler : ne pas considérer le e-tuteur comme un sous formateur,  lui accorder une véritable reconnaissance y-compris financière, lui donner la possibilité de se former.

Aujourd’hui, et demain encore plus, l’accompagnement des apprenants à distance est à investir. Cette évolution constitue une opportunité pour les formateurs d’élargir leurs compétences et de démentir ainsi l’adage du cordonnier mal chaussé.

Médias sociaux, formation informelle et effet pervers ?

Les outils du web 2.0 ont créé de nouveaux usages et ont entraîné de profonds bouleversements dans les processus de formation et dans le rôle du formateur/enseignant…

E-learning : une histoire courte mais riche d’évolution

Nous sommes passés en une dizaine d’années de dispositifs centrés sur le formateur, des modules largement issus de la formation présentielle et simplement transposés à la FAD (Formation à Distance), à des dispositifs centrés sur l’apprenant, cette transformation étant rendue possible par la généralisation d’outils (ceux du Web 2.0 notamment) qui modifient en profondeur le mode de communication des utilisateurs.

Les outils du web 2.0 ont créé de nouveaux usages et ont entraîné de profonds bouleversements dans les processus de formation et dans le rôle du formateur/enseignant.

Nous en sommes aujourd’hui à l’ère du collaboratif, où l’on peut dire que les services de partage, de social learning et les pratiques collaboratives sont mis en valeur et proposés à l’apprenant et à l’enseignant/formateur. Chaque membre d’une communauté d’apprenants enrichit le contenu, partage ses pratiques et ses difficultés.

Bienvenue dans l’ère du collaboratif…

Avec l’utilisation des outils du Web 2.0, la connaissance se construit en permanence. La connaissance n’est plus la propriété de « celui qui sait » diffusée verticalement vers celui qui apprend. La connaissance devient collective, partagée à travers les réseaux vers des communautés d’utilisateurs.

La part allouée à la formation informelle est aujourd’hui de plus en plus importante dans les dispositifs blended, et l’accent est mis sur les communautés de pratiques, les communautés d’apprenants qui partagent, enrichissent et échangent le contenu de l’apprentissage.

Ainsi l’apprenant, pour peu qu’il sache chercher, utiliser et partager l’information, en tire un bénéfice pédagogique certain.

Nous savons par également que nous acquérons la majorité de nos savoir faire et savoir en situation de formation informelle

…et de la formation informelle.

Dans la formation informelle, les apprenants fixent eux mêmes leurs objectifs. Ils apprennent quand ils ont besoin d’apprendre, et voient l’efficacité de l’apprentissage lorsqu’ils savent faire quelque chose qu’ils ne savaient pas faire avant.

Il y a situation de formation informelle par exemple lorsque l’information vient suite à une demande de l’apprenant qui cherche de l’aide à travers son réseau, ou bien lorsque les personnes reçoivent une information utile à travers une conversation. La situation de formation informelle ne se distingue pas forcément de la situation de travail. Les intéressés n’ont pas forcément la conscience d’apprendre.

Cet apprentissage informel est géré par l’apprenant lui même qui le jugera efficace s’il résout ses problèmes ou augmente effectivement son savoir-faire.

Le contexte économique actuel, le besoin d’aller toujours plus vite, de gagner du temps, obligent à disposer du maximum d’informations pertinentes et actualisés afin d’agir vite et bien, pour procurer aux acteurs de l’entreprise tous les moyens nécessaires à l’action : c’est l’enjeu de la formation et de la capitalisation des connaissances.

De nouveaux outils à disposition

La panoplie des outils e-learning, qu’ils soient LMS, outils auteurs ou autres outils d’animation, répondent à la nécessité pour les entreprises de disposer d’une formation/information quasi en temps réel. L’information et la connaissance sont aujourd’hui les armes de la performance pour les entreprises.

Les médias sociaux sont donc de plus en plus largement utilisés dans la formation parce qu’ils répondent aux besoins de communication, d’échange et de partage des apprenants.

Mais prenons un peu de recul, demandons nous quelle est l’utilité réelle de tous ces outils mis à la disposition des apprenants ?

Les apprenants utilisent ces outils pour :

  • Trouver des réponses à leurs problèmes ou proposer des réponses.
  • Être au courant de ce qu’il se passe dans leur entreprise et leur métier, faire de la veille technologique.
  • Construire un réseau fiable de collègues, d’experts à l’intérieur et à l’extérieur de l’entreprise.
  • Communiquer, échanger,  collaborer avec des collègues.
  • Partager des ressources et de l’expérience.
  • Améliorer leur efficacité.

Le coeur du dispositif n’est plus le contenu déployé, mais l’apprenant et la communauté qui interagit,  collabore,  enrichit le contenu,  crée du lien.

Quid de l’accompagnement ?

La tentation peut alors être grande pour l’entreprise de déplacer la responsabilité de la formation sur l’apprenant. La mise à disposition d’outils, l’efficacité des réseaux sociaux, l’horizontalité des processus d’apprentissage ne doit pas faire oublier que l’efficacité pédagogique tient principalement dans la faculté qu’ont les apprenants à chercher, analyser, produire de l’information.

Sans accompagnement adéquat, le risque est donc de creuser l’écart existant entre ceux qui savent utiliser ces nouveaux outils, ceux qui savent chercher, analyser, produire de l’information, et ceux qui ne savent pas, qui ne sont ni prêts ni préparés à cela.

Ce qu’il faut, c’est certainement que tout le monde apprenne à apprendre, et surtout ceux qui sont le moins préparés, au niveau technologique ou culturel.

Le défi que doit relever le e-learning aujourd’hui reste celui de l’innovation pédagogique, la réelle prise en compte d’un accompagnement afin que les technologies à notre disposition servent les objectifs de toute formation : acquérir des savoirs, savoir faire et peut être savoir être…