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Catégorie : Ingénierie pédagogique

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Un exemple d’utilisation des outils médiatisés pour la Remédiation en Collège

L’élève en difficulté scolaire constitue sûrement l’une des principales préoccupations de l’enseignant, à la fois pour des raisons individuelles (le risque de son échec) et pour des raisons collectives (la menace dans l’équilibre de sa classe).

La remédiation s’appuie sur une triple démarche :

1-       l’évaluation formative des acquis de l’élève dans une séquence de formation évaluative individualisée.
2-       la rédaction par l’élève d’une « fiche  bilan »  pour réfléchir aux différentes phases de son apprentissage (réussites, échecs, méthodes, difficultés …).
3-       Un tutorat en situation sous forme d’aide méthodologique essentiellement, de soutien et d’encouragement.

L’outil de remédiation est construit sur la base des ressources habituellement utilisées par le formateur et vise un champ de savoirs et de compétence précis et limité.

Exemple : http://www.tutoractiv3v.com/LeTemps/SCO_0001/default.htm
(Utilisation des mots indispensables reliés au Temps).

L’activité en remédiation doit être réalisée et évaluée dans un espace de temps limité (ici « étudier globalement la compréhension d’une phrase pour comprendre/utiliser des mots caractéristiques dans un contexte déterminé ») : en moins d’une demi-heure.
Le module est construit « sur mesure » en fonction des points durs identifiés par les enseignants.

Caractéristiques du module médiatisé :

  • Approche itérative par page : « je lis pour comprendre, j’utilise l’indice, je visualise le référentiel de manière ciblé, je réponds à la question et je visualise ce qui manque ou ce qui est faux, je lis à nouveau …»
  • Activité riche (principalement en écriture contrôlée) et non de type QCM.
  • Progressivité de l’apprentissage (page en « sas d’entrée » puis ensemble de pages homogènes avec bilan final et possibilité de reprise globale)

Pertinence de l’outil :

  • Pour qu’une remédiation soit pertinente, elle doit permettre d’abord d’identifier les erreurs propres à l’individu. L’outil offre d’abord une fonction diagnostic. Dans le module en démonstration : le diagnostic porte sur l’attention globale, la compréhension, la construction d’une démarche itérative, la capacité de correction.
  • Ensuite, en fonction de l’analyse de la première expérience et de la notation des points d’attention, la remédiation doit être basée sur la mise en œuvre d’une démarche de progrès dans un ensemble d’activités construites dans un ensemble homogène (module complet). L’outil doit permettre un apprentissage progressif, évoluant par palier. Le module en démonstration est un élément d’un parcours complet (exploration du Temps par niveau de difficultés, puis de l’Espace …). Ainsi la démarche se renforce au fur et à mesure de l’apprentissage des éléments de langage ciblés.

Compétences visées et évaluées:

  • Lire chaque phrase et la comprendre.
  • Utiliser (en l’écrivant) le mot manquant en contexte tout en respectant les règles grammaticales.
  • Travailler de manière méthodique et approfondie.
  • Savoir utiliser l’espace numérique de travail tout en utilisant les aides fournies (dictionnaire en ligne, définitions interactives)

Mesure de performance (comparaison entre élèves) :

  • Temps passé
  • Complétude de parcours
  • Volonté de réussite (tout particulièrement réussir le passage de la 1ère étape)
  • Score global

Prolongement (après exécution) => travail en salle de cours, débriefing collectif :

  • Enrichir le vocabulaire
  • Travailler sur les champs sémantiques
  • Rechercher des mots synonymes, des expressions imagées
  • Inventorier et explorer le lexique du thème traité
  • Collecter, composer les mots d’une famille
  • Travailler les dérivations tant en lecture qu’en écriture

Les plus de la démarche de remédiation :

  •  Un élève en difficulté est celui qui cumule un ensemble de difficultés. Il montre des lacunes dans ses savoirs. Il ne dispose pas d’outils fondamentaux pour construire son savoir (langage, lecture …). Il souffre de manques dans certaines capacités perceptives (discipline du regard, anticipation, failles dans la phase de mémorisation, attention fuyante…).
  • Un autre type d’élève en difficulté ne donne pas de sens social aux apprentissages dans lesquels il s’engage. Les problèmes qui lui sont posés sont trop loin de sa réalité et du monde virtuel qu’il côtoie.  De plus, il n’a pas conscience de ses moyens de réussite.

Ces difficultés sont particulières handicapantes en collège où un certain nombre de dispositifs de soutien sont mis en œuvre : classes ULIS (petit groupe d’élèves présentant le même type de handicap) et classes DAQUIP (parcours individualisés pour lutter contre le décrochage scolaire).

Pour cet ensemble de raisons, l’investissement en développement d’outils de remédiation est une démarche prometteuse en matière d’efficacité scolaire. De plus l’utilisation d’outils numériques rend le dispositif plus attractif aux yeux de l’élève (relation à l’outil et non face à face avec le professeur). L’accompagnateur est dans une démarche de soutien et de bienveillance et non prescriptive.

Conditions de réussite :

  • Travailler en proximité avec l’enseignant (besoins, scénarisation, collecte des ressources)
  • Valider les outils en situation et les ré-ajuster en phase de test
  • Cibler les outils sur des capacités précises et très ciblées
  • Utiliser des outils de développement rapide, conviviaux, riches et attractifs (ceux d’E-DOCEO en particulier).

A propos de la classe inversée : quelques réflexions sur la nature de l’inversion

La classe inversée fait de plus en plus parler d’elle. L’audience de Marcel Lebrun, qui en présente les principes dans ses conférences et qui la pratique, notamment au sein d’elearn2, est réelle et touche des cercles de plus en plus larges d’acteurs de l’éducation et de la formation. Je ne ferai donc pas une présentation détaillée de la classe inversée (cf. le billet de Marcel Lebrun « Classes inversées, Flipped Classrooms … Ca flippe quoi au juste ? ») mais formulerai quelques réflexions tant il est toujours nécessaire, en particulier dans le domaine de la formation, de questionner les formules pédagogiques qui apparaissent, à un instant t, comme la solution à toutes les insuffisances des dispositifs de formation. A cet égard, Adrien Ferro, dans un commentaire à un post sur Facebook, note « Le problème de la classe inversée est que les préliminaires au présentiel sont totalement dépendants des variables locales, familiales notamment. C’est justement pour éviter ceci que l’école existe. »

Hybridation plutôt qu’inversion ?

Le principe cardinal de la classe inversée est de confronter les apprenants à l’enseignement, au discours du formateur, aux aspects conceptuels ou notionnels en situation distancielle, à partir de ressources. Il s’agit donc pour les apprenants d’effectuer en autonomie une prise d’informations (ce qui sous-tend un étayage-désétayage progressif selon les caractéristiques propres à chaque apprenant). En situation classique de formation, cette étape correspond le plus souvent à l’exposé, au cours magistral. Dans un deuxième temps, la situation présentielle est dédiée, en présence du formateur, à la remédiation et à la manipulation des informations recueillies par les apprenants afin qu’ils les transforment en savoir, savoir-faire et savoir-être. Le travail collaboratif autour de situations authentiques étant la pratique d’inspiration socio-constructiviste la plus utilisée.

Dans ce scénario, on peut remarquer que la séquence déductive traditionnelle théorie puis pratique  n’est pas inversée comme cela peut être le cas dans la formule de la formation-action, de nature inductive, où les apports théoriques n’interviennent qu’au moment où ils s’avèrent nécessaires et que pour servir les finalités de l’action, (sur la formation-action). La classe inversée n’inverse donc pas automatiquement le processus cognitif qui peut rester d’ordre déductif.

Dans les expériences de classes inversées les plus abouties, un troisième temps, qui peut être aménagé tant en présentiel qu’à distance, vise à faciliter la conscientisation, par les apprenants, de leurs acquisitions et du processus qui les a permises. Cette étape d’ordre métacognitif, bien que toujours possible, est rarement aménagée dans une démarche pédagogique classique ou académique. Elle présente une haute valeur ajoutée mais elle n’est pas une caractéristique spécifique de la classe inversée.

L’inversion en classe inversée peut donc sembler correspondre davantage à une hybridation des temps de formation où les concepts sont étudiés à distance et la mise en pratique réalisée en présentiel. Il est toutefois remarquable qu’elle peut se situer, selon les intentions des concepteurs dans plusieurs scénarios de latypologie Competice et dans la plupart des types de la typologie Hysup. Il apparait donc que l’hybridation des temps présentiel et distanciel ne suffit pas à la décrire et que les postures des acteurs et l’approche pédagogique structurant les différentes étapes du scénario de la classe inversée soient autant d’éléments à prendre en compte pour la caractériser.

Enseigner moins pour qu’ils apprennent plus

Selon John Dewey, moins il y a d’enseignement, plus il y a d’apprentissage. Dans la lignée des approches constructivistes dont les principes généraux sont le développement de perspectives multiples, la négociation du sens, la contextualisation, la collaboration, il me semble que l’inversion est liée au poid relatif donné d’une part, aux activités d’enseignement et d’autre part à celles d’apprentissage.

Dès lors, il étonnera peu que je relie le changement de posture du formateur ou de l’enseignant à l’effectivité de l’inversion. Ne plus se focaliser sur la seule transmission, même médiatisée, mais au contraire accorder une importance plus grande au soutien à l’apprentissage, à l’accompagnement, à l’aide tutorale, tel me semble l’enjeu principal de l’inversion. Ce rapprochement entre la posture tutorale en formation à distance et le rôle de l’accompagnement dans les classes inversées a été exploré par Marcel Lebrun lors de la conférence données dans le cadre du séminaire des 10 ans de t@d : « Classes inversées : quand le tutorat à distance inspire l’accompagnement en présence »

A l’issue de cette conférence, les conclusions que Marcel Lebrun a rassemblé sous le titre « Les Flipped Classrooms, un nouveau métier pour les … enseignants » étaient les suivantes :

  1. Mieux utiliser les espaces (mobilité, présence-distance) et les temps (flexibilité, synchrone-asynchrone) de l’enseigner et de l’apprendre (flipper l’espace-temps)
  2. Proposer une formation plus individualisée et davantage en résonance avec les rythmes, les styles et les activités de chacun (flipper surface-profondeur, sérialisme-holistisme)
  3. Mieux balancer la nécessaire transmission des savoirs et le développement des savoir-faire et savoir-être, des compétences et de l’apprendre à apprendre (flipper les savoirs et les taxonomies)
  4. Apprendre à mettre de l’ordre dans des structures désordonnées (flipper cartes et boussoles, ordre et désordre)
  5. Rendre les étudiants davantage actifs et interactifs, plus impliqués (flipper transmission et appropriation)
  6. Répondre à des questions que les étudiants se posent plutôt que de répondre à des questions qu’ils ne se posent pas (flipper les rôles)
  7. Pour les enseignants, leur permettre une appropriation (un développement professionnel) progressive … nul besoin de tout « flipper » en une fois

Je ne suis pas pleinement convaincu qu’il s’agisse d’un nouveau métier (cf. la conférence de Viviane Glikman « Peut-on parler du « métier » de tuteur à distance ? »), plus probablement comme l’indique en creux la conclusion 7 de Marcel Lebrun, d’une évolution progressive, certes, mais nécessaire. Il serait d’ailleurs plus juste de parler d’évolutions au pluriel tant la mise à distance de la formation, même partielle comme dans le cas de la classe inversée, redistribue les cartes, les rôles, les fonctions.

L’éclatement de la fonction d’enseignant
lors de la mise à distance de la formation

 formateur

Aussi, les conclusions de Marcel Lebrun n’impactent pas le seul enseignant, à moins de le considérer comme « seul maitre à bord » ce qui serait contradictoire avec l’esprit même de la classe inversée.

« Flipper l’espace-temps » est une question d’ingénierie pédagogique et concerne donc le concepteur, organisateur et scénariste qui n’est pas forcément le formateur-animateur-tuteur.

« Flipper surface-profondeur, sérialisme-holistisme » relève de l’individualisation qui est également une question d’ingénierie pédagogique (cf. mon billet « L’individualisation, élément de la flexibilité d’une FOAD ») et de personnalisation. J’en donne la définition suivante : « La personnalisation, en formation, désigne le processus relationnel qui va permettre à l’apprenant de voir pris en compte ses caractéristiques personnelles au cours de sa formation. Elle induit l’établissement d’une « relation privée » entre le tuteur et un apprenant. » (cf. mon billet « Le tutorat, élément de la flexibilité de la FOAD »). Elle concerne donc les animateurs, tuteurs et évaluateurs.

« Flipper les savoirs et les taxonomies » est tout à la fois une question épistémique et de construction du discours didactique qui devrait être structuré autour du développement de perspectives multiples. Cela concerne le concepteur et le producteur.

« Flipper cartes et boussoles, ordre et désordre » renvoie à l’ingénierie pédagogique d’une part mais aussi et surtout à l’accompagnement tutoral. Cela concerne donc prioritairement les animateurs, tuteurs et évaluateurs.

« Flipper transmission et appropriation » et « Flipper les rôles » relèvent du choix de l’approche pédagogique qui à mon sens ne peut être de la seule responsabilité du formateur mais du partage de celle-ci avec l’institution et les apprenants.

La classe inversée se révèle être une pratique riche et prometteuse. D’une part, car elle provoque un écho auprès d’un nombre de plus en plus grand de formateurs et d’enseignants et d’autre part, parce qu’elle pose la question centrale de la distribution des rôles entre les professionnels de l’éducation et de la formation et les apprenants. Elle acculture à la mise à distance de la formation qui pour de nombreuses raisons est une réalité incontournable du paysage de la formation tant initiale que professionnelle. Elle vient aussi bousculer les modèles de FOAD, s’invite dans les moocs.  Au terme de ce billet, plusieurs questions restent ouvertes. Une classe inversée basée sur la modèle déductif peut-elle réellement tenir toutes les promesses de l’inversion ? L’hybridation de la classe inversée et de la formation-action n’est-elle pas souhaitable ? La mise en place de classes inversées où les temps présentiel et distanciels sont mixés n’amène-t-elle pas à devoir la penser plus comme un projet à co-construire par une équipe techno-pédagogique plutôt que comme une offre élaborée par un seul enseignant ou  formateur ?

Pour ses 10 ans, la CDM de Guadeloupe promeut la FOAD !

Pour ses 10 ans, la CDM de Guadeloupe promeut la FOAD !
«Orientation, formation et numérique, la nouvelle donne»

Le lundi 18 novembre 2013, la Cité des Métiers de la Guadeloupe (CDM), première à ouvrir en Outre-Mer[1], a convié ses partenaires et ses financeurs pour fêter ses dix ans. A cette occasion, le président Jean-Yves l’Etang et l’équipe de la CDM, dirigée par Nicole Nestoret, ont organisé et animé une table ronde sur le thème : «Orientation, formation et numérique, la nouvelle donne». Ce choix reposait sur le constat de l’impact, de plus en plus fort, du numérique dans les comportements des personnes fréquentant la CDM. Il marquait aussi la volonté de la CDM d’accompagner les acteurs de l’orientation et de la formation vers plus d’innovation. Il s’agit bien, aujourd’hui, de répondre plus efficacement, avec plus d’ouverture et de souplesse, aux besoins de compétences d’une population jeune, trop souvent peu qualifiée, sur un territoire où les difficultés sociales et économiques sont réelles. La Guadeloupe a toutes les raisons pour développer les actions de type Formations Ouvertes et à distance, plus une : sa configuration d’archipel où une population importante ne peut pas facilement rejoindre Grande Terre ou Basse Terre : Marie-Galante, Les Saintes, La Désirade, mais aussi les Cpllectivites d’Outre Mer ; Saint Barth et Saint Martin. La distance est une donnée que le numérique peut permettre de transformer, sous certaines conditions, en proximité !

La table ronde s’est déroulée en trois temps ; d’abord quelques repères ont été posés sur les évolutions observées : passage d’une logique exclusive de «Lieu» pour se former vers des dynamiques «Espace-temps» pour apprendre, tendance catalysée par les usages diversifiés des outils et ressources numériques[2].

Dans un second temps, des acteurs de la formation initiale (Rectorat et ONISEP) et continue (CAFOC, CNAM, CNED et Form’action) ont illustré les pratiques actuelles de Formations (plus ou moins) Ouvertes, et (plus ou moins) à Distance, selon les contextes de mise en œuvre sur l’archipel Guadeloupéen. Tous ces témoignages convergeaient pour marquer l’intérêt de telles ingénieries et, en même temps, pour souligner la difficulté persistante de justifier, auprès des prescripteurs et des financeurs, de la réalité multiple d’un parcours de type FOAD. Les apprenants sont, grâce à des approches fertiles de plus en plus collaboratives, de moins en moins en face à face avec leur formateur. L’usage de la fiche d’émargement, preuve traditionnelle du déroulement séquentiel d’une formation uni-modale, se révèle décalée, ne reflétant plus la richesse des situations d’apprentissage de production vécues par les apprenants inscrits dans des parcours FOAD.

Face à cette contradiction, un débat s’est engagé avec les participants, en particulier avec deux représentants d’organismes collecteurs (OPCALIA & Fongecif) et de Pôle Emploi. La piste de la traçabilité numérique avec les plates-formes de téléformation a été évoquée comme une réponse possible, mais les réalités des actions tendent à démontrer que les temps de connexion ne constituent pas un indicateur fiable, pertinent et exploitable. L’autre piste qui a trouvé un consensus, est le «Forfait temps»[3], contractualisé avec l’apprenant via un Protocole Individuel de Formation et crédité par des productions rendues, à titre individuel ou collectif, pour les activités communautaires.

C’est la piste retenue par le FFFOD qui milite depuis plusieurs années pour que le cadre réglementaire s’adapte rapidement aux nouvelles pratiques des apprenants et des appreneurs connectés. Il s’agit de faire accélérer les réformes[4] attendues pour donner plus de souplesse aux différents dispositifs de formation, en particulier pour les adultes les moins qualifiés, ceux qui aujourd’hui encore, profitent le moins de la formation.

Jean Vanderspelden –  Consultant ITG,
membre du FFFOD, de MIP+ et de Learning Sphère
novembre 2013 – jean.vanderspelden@free.fr – ww.iapprendre.fr

  2013 11 Vf_Article_10_ans_CDM_Guadeloupe _FOAD_J_VDS_ITG

 http://www.citedesmetiers-guadeloupe.org/

[1] La CDM de Guadeloupe, basée aux Abymes est un lieu unique d’information sur tous les sujets connexes à  l’orientation. Portée par le concours financier et opérationnel de ses nombreux partenaires, elle est ouverte à tous. La CDM de Guadeloupe a démarré des activités en 2003, après cinq ans de «gestation partenariale» nécessaire pour obtenir le label «Cité des métiers» www.citedesmetiers-guadeloupe.org La CDM de Guadeloupe est présente et active sur Facebook, Youtube et sur Twitter (@cmetiers971). Contact : nnestoret@citedesmetiers-guadeloupe.org – En 2013, une Cité des Métiers a ouvert à Mayotte et une, sur l’Ile de la Réunion ; un projet est en cours en Martinique.

 [2] Voir diaporama en ligne sur de Jean Vanderspelden sur son compte 2.0 Slideshare : http://fr.slideshare.net/jeanvds/2013-11-j1-vf-foad-et-financement-cdm-itgjvds

[3] Voir document FFFOD d’octobre 2011 : «Financement et mise en oeuvre de la FOAD, vade-mecum des bonnes pratiques» – Téléchargeable sur le site du FFFOD à l’adresse suivante  via http://www.fffod.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=2437

 [4]  Lire article de Jacques Bahry, président du FFFOD «Il est temps d’arrêter de freiner le développement de la FOAD» publié sur le site : http://www.fffod.fr/actualites-de-la-foad/revue-de-presse-/2708-il-est-temps-darreter-de-freiner-le-developpement-de-la-foad-itv-aef-de-jacques-bahry

11èmes rencontres du FFFOD : Nouvelle frontière, neutralité et bienveillance : bienvenue dans le monde numérique

C’est la 1ère fois que j’assistais aux rencontres du Forum Français de la formation Ouverte à Distance (FFFOD) qui avaient lieu du 6 au 8 novembre dernier à Caen. Le thème retenu cette année était l’apprentissage à l’ère du numérique. En 2 jours et 10 interventions, nous avons fait un tour d’horizon des impacts de ce nouvel environnement encore mal identifié sur un certain nombre de concepts liés à « l’apprendre ».

De ce panorama, j’en ai conservé 3 idées essentielles qui m’amènent à revisiter quelques questions posées de la conception d’un parcours de formation « à distance ». La liste n’est pas exhaustive bien entendu !

  1. La nouvelle frontière

Du « Monde virtuel » au « Monde numérique » : de l’oxymore d’il y a quelques années cette association de termes est devenu pléonasme. Il ne s’agit plus d’opposer 2 mondes, mais bien d’intégrer la dimension numérique dans notre vie. Les frontières se sont diluées et ce nouveau continent nous tend les bras. Si on la considère comme une dimension à part entière, et non comme une sorte d’excroissance technologique, il faut repenser nos parcours d’apprentissage.

Voilà pourquoi les parcours mixtes et blended laissent aujourd’hui la place aux parcours multimodaux. Là où avant, nous juxtaposions des ressources en ligne avec des ressources en face à face, nous superposions des modalités asynchrones et synchrones, dans un sens plutôt linéaire, nous devons aujourd’hui considérer les modalités d’apprentissages comme des neurones à assembler et réassembler tout au long du parcours en raison notamment des interactions multipliées avec un environnement social.

Le défi étant de conserver la cohérence du parcours global tout en assurant à l’apprenant une évolution dans son apprentissage.  Ce monde numérique, loin de supprimer le formateur, le remet plus que jamais aux côtés de l’apprenant pour l’aider à baliser son chemin parmi les savoirs en ligne.

3 questions à se poser en amont d’un dispositif :

  • Comment les personnes apprennent ? Où ? Quand ? Avec qui ? Avec quoi ?
  • Quel est le profil numérique de mes apprenants ?
  • Quelles sont les modalités d’usage des outils numériques de mes apprenants ?

Les traditionnelle questions : « qui sont mes apprenants »  et « quels sont ses styles d’apprentissage », doivent intégrer la dimension numérique de l’apprenant et l’étude de  son comportement global afin de proposer un parcours pertinent.

2. Neutralité

Ce nouveau continent, comme toute découverte ne porte ni le meilleur ni le pire a priori. Il est ce que nous en ferons. Le medium numérique est donc neutre. Quand un apprenant allume son ordinateur (tablette, smartphone…), lance un module, fait un exercice en ligne, il fait face à un medium qui ne lui renvoie a priori aucune image, aucun jugement. La multi exposition possible à laquelle il se soumet en tentant 20 fois un exercice est un facteur de réussite pour son apprentissage.

De plus, comme l’a souligné Etienne Armand Amato lors des rencontres, le numérique promeut aussi la réflexivité et le décalage sur soi-même, ainsi lorsque l’on crée un avatar, c’est un autre nous que nous observons. Quel formidable outil pour réfléchir sur nos apprentissages et ainsi en tirer les meilleurs bénéfices !

Les seules intentions que porte le medium sont celles du concepteur pour un dispositif pédagogique. A nous donc d’assurer une neutralité qui ne nuise pas à l’efficacité de l’apprentissage pour les apprenants.

3 questions à se poser pour un dispositif :

  • Quels sont les paramètres de neutralité qui favorisent l’apprentissage ?
  • Quels sont les principes qui nuisent à la fluidité des parcours ?
  • Comment dans le parcours puis-je encourager les apprenants à réfléchir sur leur apprentissage et ainsi formaliser leurs acquis ?

Ainsi les paramètres de personnalisation et d’individualisation concourent à renforcer la neutralité d’un parcours en ligne : plus l’outil est adapté, moins il interfère avec l’apprentissage.

Attention cependant à ne pas confondre neutralité et neutralisation par exemple dans la mise en place de fonctions qui freinent la fluidité des parcours (le fameux bouton next qui ne se déclenchent qu’après la lecture de l’ensemble d’un écran par exemple).

Et surtout, garder à l’esprit ce principe de neutralité, c’est également remettre au centre des réflexions l’accessibilité – souvent laissée de côté dans les dispositifs de formation à distance ou traitée de manière très réduite – afin de garantir un apprentissage de qualité pour tous les apprenants.

3. Bienveillance

Ce qui nous amène au dernier point : ce nouveau continent a priori neutre ne pourra participer à l’épanouissement de l’apprentissage que grâce à la mise en place d’un environnement bienveillant.  Philippe Révy le résume ainsi: « quelque soit le vecteur  d’apprentissage il faut rester dans le lien, l’empathie et la bienveillance ».

La bienveillance en numérique regroupe des problématiques contradictoires avec des enjeux professionnels par exemple. Quid de la bienveillance dans le cadre de formations imposées par exemple ?

3 questions à se poser dans un dispositif

  • Le LMS promeut-il un cadre bienveillant dans la perspective de suivi très détaillé qu’il produit ?
  • Un parcours guidé est-il un facteur de bienveillance à l’égard des différents styles d’apprentissage ?
  • Quels sont les éléments à mettre en place pour garantir un cadre bienveillant (tutorat, échanges, collaboration etc)

Il paraît assez logique que la bienveillance puisse trouver son alter égo numérique dans la mise en place des liens entre les apprenants et de leur accompagnement. A ce titre le monde numérique offre de nombreuses modalités qui peuvent assurer cette bienveillance tout au long de l’apprentissage. L’accès et la disponibilité des savoirs, les interactions possibles avec autrui à toute heure et en tous lieux sont des éléments de ce cadre à construire.

Ici s’achève le premier voyage dans ce nouvel espace, n’hésitez pas à consulter le site du FFFOD pour retrouver l’ensemble des contributions à ces réflexions et à solliciter les membres de Learningsphère pour vos futurs parcours multimodaux !

Pour un usage réfléchi des neurosciences en pédagogie

Ce billet est en écho aux billets de Dominique Gros sur ce site et suite à un commentaire d’un de mes contacts sur Google Plus que je reproduis ici :

« une légère peur de voir que les neurosciences renforcent la pédagogie de notre « ancien temps », des instituteurs et du béhaviorisme…  N’y a-t-il pas eu des théories constructivistes et socio-constructivistes : comment se retrouvent-elles dans les neurosciences ? je m’interroge… »

cerveauUne compréhension de la neuroscience qui s’arrêterait à identifier des comportements, à les taxonomier, à catégoriser les individus et à automatiser-industrialiser leurs formations en fonction de ces éléments risquerait de réactiver les modèles pédagogiques anciens (académique, béhaviorisme) dont on connait les nombreuses limites.

Dès lors qu’on se servirait des neurosciences pour évacuer la relation humaine, indispensable à la formation, on s’exposerait aux plus graves dérives.

Les apports des neurosciences sont par contre utiles pour mieux comprendre comment entrer en relation avec les apprenants dès lors que l’on ne cherche pas à tout prix à les réduire età les maintenir dans des catégories cognitives.

Savoir, par exemple, que certains apprenants ont une préférence cognitive procédurale et qu’ils ont besoin, non seulement d’un cadre mais de la transmission d’une marche à suivre précise pour réaliser leurs tâches, que certains autres, s’épanouissant dans la (sur)socialisation risquent de beaucoup solliciter leurs formateurs et tuteurs, que d’autres ne peuvent conceptualiser qu’à partir du vécu d’une situation authentique, de d’autres au contraire ont besoin de maitriser la théorie pour s’autoriser à agir, etc. Cette connaissance est utile pour mieux entrer en relation.

C’est au niveau de l’individualisation que les apports des neurosciences peuvent être les plus féconds. Les différents profils peuvent être pris en compte lors de la conception de la formation afin d’individualiser le parcours. L’individualisation étant bien une question d’ingénierie pédagogique.

Mais l’individualisation ne suffit pas. La personnalisation est la prise en compte des caractéristiques de l’individu qui ne sont pas réductibles à une catégorie. C’est bien dans la relation, et uniquement dans la relation, en particulier tutorale, que la personnalisation est possible. Il y faut toute l’intelligence sociale des êtres humains, leur volonté d’engagement dans la relation à l’autre, leur capacité à l’empathie pour que la personnalisation soit effective. Il y faut aussi des moyens matériels et financiers car la relation c’est du temps, et le temps, c’est de l’argent 😉

Comme toujours en pédagogie, il n’y a pas une réponse et les neurosciences ne sont pas LA réponse mais ses apports, contextualisés aux besoins des apprenants et aux intentions pédagogiques, peuvent permettre d’enrichir nos approches et pratiques.

——————-
Sur la personnalisation, cf. mon intervention à Intertice cette année  » Le tutorat au service de la personnalisation des apprentissages » : diaporama – vidéo

11èmes Rencontres du FFFOD : Les Neurosciences éclairent les devoirs du concepteur e-larning (partie 2)

Cet article complète le 1er qui était consacré à la métacognition.

La deuxième partie de la matinée du 7 novembre était consacrée à l’exploration du cerveau attentif :
Conférence de Jean-Philippe Lachaux (directeur de recherches en neurosciences cognitives à l’INSERM Lyon).
L’exploration du fonctionnement du cerveau en situation réelle (dans son environnement) est également très éclairante pour l’apprentissage. L’attention peut être définie comme la valeur accordée à ce que je vis dans l’instant.

Le cerveau fonctionne donc en perpétuelle boucle itérative :

–       Perception de l’environnement

–       Traitement actif de l’information (filtrage et sélection des priorités)

–       Décision et Action sur l’élément choisis dans ce qui est perçu

–       Nouvelle perception

Ainsi trois à quatre décision sont prises par seconde !

L’attention est donc perpétuellement en équilibre et avance en projection vers un but.
Ses forces sont l’habitude, la perception de l’utilité générale, les émotions ressenties, l’utilité ponctuelle (le système décisionnel proprement dit).
Il existe donc des « vents violents » qui peuvent éloigner la personne de son objectif prioritaire.

Quelle conséquence pour la médiatisation des contenus de formation ?

1-     Favoriser la progression des acquis et donc de l’attention

2-     Être particulièrement précis sur l’objectif pédagogique et la vérification des acquis

3-     Éviter toutes les déviations inutiles (avatars sans objet, vidéos trop longues, messages non concentrés …)

4-     Combiner et varier les médias pour renforcer l’attention et non pour l’affaiblir

5-     Éviter tout facteur externe perturbant (consignes d’attention, points clés)

Une dernière question : le mobile learning favorise-t-il l’attention ?

Peut-on imaginer se concentrer et apprendre si je suis assis dans le métro ou au restaurant et si je reçois 20 mails dans l’instant qu’il faut traiter ? Mon opinion transparaît dans la question …

11èmes Rencontres du FFFOD : Les Neurosciences éclairent les devoirs du concepteur e-larning (partie 1)

La première partie de la matinée du 7 novembre était consacrée à l’apport des neurosciences en pédagogie.

Grâce aux apports très éclairants et concrets des intervenants (Samuëlle Dilé, Etienne-Armand Amato  et Philippe Révy), les neurosciences interrogent les pratiques et les orientations des concepteurs e-learning pour faciliter l’apprentissage via la ressource médiatisée scénarisée et produite.

La métacognition, que je pourrais qualifier d’ « appétit du savoir » repose sur un certain nombre de moteurs. J’en sélectionnerai un certain nombre qui me paraissent essentiels dans un projet de conception de modules e-learning médiatisés.

1- Désir mimétique : il est essentiel de proposer à l’apprenant une démarche à suivre qui doit l’inspirer, pour être réutilisée dans son projet personnel.  Ce désir profond privilégie clairement les démarches inductives dans le contenu médiatisé. S’appuyer sur le vécu (étude de cas), faire extraire les concepts puis les expliciter et valider les acquis.

Par exemple, comment peut-on imaginer produire un serious- game de « lutte contre l’illettrisme » qui met en situation un voyageur traversant une cité pleine d’embûches, au lieu de le faire travailler sur des situations qui handicapent sa vie au quotidien ? (l’exemple de ce projet financé largement sur fonds public est réel).

Les deux freins à ce moteur sont :

–       l’angoisse (peur de l’inconnu) : elle renvoie à la nécessité de travailler sur l’expression claire de l’objectif pédagogique du grain et le contrôle progressif des acquis.

–       L’ennui : il oblige le concepteur à varier les activités interactives et recourir à des médias variés qui se complètent.

Ces deux freins remettent en cause la systématisation de l’approche rapid-learning qui favorise la production de contenus peu efficients.

2- Processus itératif : l’apprenant a besoin de la répétition pour apprendre. Cette répétition diminue la surcharge cognitive et permet de diminuer le stress en situation de découverte. On revient donc aux fondamentaux des pratiques de nos instituteurs, il y a quelques années … L’enjeu, pour le concepteur, est donc de créer un environnement bienveillant et motivant. La question de la variation des approches cognitives est donc clairement posée :

–       Varier les exercices selon une approche taxonomique des objectifs d’apprentissage

–       Individualiser le recours aux ressources d’apprentissage selon les modalités d’apprentissage préférées par l’apprenant (une fois son positionnement établi). « Je préfère lire, faire ou entendre et voir ».

3- Le plaisir /déplaisir et la préservation du territoire : l’apprenant vit dans son territoire de représentations mentales. Le plaisir qu’il va découvrir dans l’expérience de l’apprentissage va le pousser à se concentrer. Le déplaisir ou le danger de se perdre va l’inciter à se retirer. Le cadre de l’apprentissage doit donc être bienveillant, voir empathique. La progression du parcours doit permettre la construction d’une estime croissante de soi.  Le concepteur doit donc privilégier la progressivité du parcours :  un grain de 10 à 15 minutes doit permettre d’acquérir et valider progressivement de nouvelles représentations mentales. Le soin apporté à construire les feedbacks est essentiel pour rassurer et conforter l’apprenant dans ce qu’il a acquis ou pas. L’apport du jeu est indéniable mais pas uniquement dans sa forme la plus aboutie (Serious Game). Un module d’apprentissage construit sous forme de découverte ludique des concepts à apprendre est une stratégie intéressante car il est construit sur un scénario de progression mais en dehors d’une démarche pédagogique prescriptive.
Un autre article fera le lien entre le « cerveau attentif » (2ème conférence de la matinée du 7 novembre) et le contenu médiatisé.

La motivation : un des enjeux cruciaux d’un module e-learning

L’efficacité d’un module e-learning dépend d’un facteur essentiel : la motivation.

Cette motivation, pour suivre un parcours de formation e-learning, dépend de facteurs exogènes comme la qualité du dispositif de formation, la consistance du projet de formation de l’apprenant, ou la densité du tutorat et de la relation avec ses pairs.

La motivation en auto-apprentissage repose  sur la qualité intrinsèque du module et aussi sur les comportements d’apprentissage mis en œuvre par le module.

Il appartient donc au concepteur d’être vigilant pour respecter un certain nombre règles.

Ces règles découlent directement des acquis actuels des sciences cognitives. On pourrait les résumer ainsi :

Le cerveau est un ordinateur lent et imprécis à la base mais il devient efficace grâce aux buts qu’il  se fixe et aux émotions positives qu’il produit. Chaque fois que nous faisons un pas vers nos buts, nous rencontrons des obstacles. Pour les surmonter, le cerveau est doté d’un système de prise de décision, par rationalité ou par émotion. S’il a peu de temps pour décider, il décidera de manière émotionnelle, en pariant et en jouant. Ce jeu doit être gagnant pour poursuivre l’effort.
Le cerveau s’améliore constamment. Il apprend ce qui a été un succès et il l’automatise pour répéter ce comportement de manière économique. C’est cela la motivation.

Voici donc 5 règles qui semblent des évidences. Cependant, leur application est parfois problématique dans les projets.

L’évaluation de l’utilisation des contenus par les apprenants montrent souvent qu’elles ne sont pas respectées.

Règle 1 : l’apprenant doit mesurer en permanence la probabilité qu´il a de réussir sa formation.

Plus cette probabilité est grande (ou grandit), plus l´apprenant sera motivé à poursuivre. L’expérience montre que fournir, au préalable, une information sur le niveau de difficulté (ou le pré-requis), n’offre pas une garantie suffisante (elle est ressentie comme une promesse). En fonction du profil d’apprentissage de l’apprenant et de l’équilibre des ressources du module (types de médias associés), la probabilité de réussite peut chuter ou croître en progression. La seule stratégie fiable consiste à développer des contenus équilibrés (effets appropriés de redondance en mixant des médias différenciés) et à favoriser une auto-évaluation des acquis progressive.

Règle 2 : le parcours de formation en ligne doit rester cohérent.

Toute forme d’incohérence dans le contenu, dans l´ergonomie des interfaces ou dans le fonctionnement de navigation interne est à proscrire. Cette règle se heurte à l’insuffisance de certains logiciels auteurs (en open source notamment) de travailler souplement sur des gabarits de modèles de contenu personnalisables. Elle se heurte aussi au désir de certains commanditaires de projet de rechercher l’originalité, l’image marketing au détriment de l’efficacité pédagogique.

Règle 3 : L´apprentissage par la pratique est la clé.

Il est primordial, dans un module en ligne, de faire réaliser des activités autoévaluées (pratiques et contextualisées) par les apprenants. Il s’agit, pour eux, de valider ou mettre en situation leurs acquis, au fur et à mesure de leur progression puis en fin de module. Ceci impose un maximum d ‘efficacité dans le processus de conception et de production : s’appuyer sur les experts métiers qui doivent fournir la bonne matière réflexive, scénariser le contenu de manière soignée sans tomber dans le piège économique du « rapid-learning », utiliser enfin des logiciels auteurs évolués qui offrent une galerie d’activités d’apprentissage riche et non limitée à des exercices répétitifs et simplistes (batteries de QCM par exemple).

Règle 4 : Les objectifs pédagogiques et d’activités doivent être explicites et tangibles.

Les apprenants sont motivés par des objectifs pédagogiques clairs. Ils doivent être énoncés précisément dès le démarrage du module. Ces objectifs doivent être univoques et limités pour cadrer le grain. L’objectif doit perçu comme accessible et stimulant au fur et à mesure de la progression. Pour ce faire, il doit être traduit en objectifs opérationnels qui permettent directement à l’apprenant de mesurer qu’il atteint la cible au fur et à mesure de sa progression, en interagissant avec le contenu. Cette exigence ramène directement à la règle précédente qui est d’offrir à l’apprenant des activités autoévaluées et contextualisées. Il importe aussi d’offrir des interactions utiles permettant de valider sa compréhension (par exemple : cliquer sur une question de réflexion ou un point clé avant d’obtenir la réponse ou son affichage). Ne jamais oublier que l’interaction est au service de la pédagogie et non de l’esthétisme.

Règle 5 : Les messages doivent être condensés et clairs.

L’apprenant ne dispose, dans le grain, que de quelques minutes pour acquérir ce qui doit être compris et valider ses acquis. Le contenu doit être précis, écrit dans une langue claire. Les messages ne doivent pas être dilués dans des détails qui n’appartiennent pas au contenu médiatisé mais à son environnement tutoral ou relationnel. Enrichir un contenu peut le rendre inefficace. Par exemple ; la mascotte  n’est présentée que pour assurer qu’une fonction relationnelle (reformulation d’acquis, feed-back, positionnement d’avancement …).

Dix conseils pour écrire un scénario de vidéo apprenante

Ils sont légion, les clients qui rêvent d’inclure des vidéos dans leurs modules. Et qui rêvent que les scénarios que vous allez leur écrire donnent des vidéos aux allures cinématographiques. Gageure ? Oui, sans doute. Rien ne vous empêche cependant de leur donner ce petit supplément d’âme qui permettra à l’apprenant de mieux entendre vos messages. Voici donc dix conseils pour améliorer l’écriture des scénarios de vos vidéos.

1.    Racontez une histoire. Gardez en tête que l’apprenant, comme n’importe quel spectateur, est passif devant une vidéo. Il faut donc trouver le meilleur moyen de provoquer chez lui un minimum d’investissement. Et pour cela, rien de mieux qu’une histoire, même brève, même simple.

2.    Déterminez un personnage principal à votre scénario : leprotagoniste. Dans la plupart des cas, il s’agira du rôle personnifiant l’apprenant.

3.    Donnez un objectif à votre protagoniste, et faites-en sorte qu’il l’exprime clairement de façon à ce que l’apprenant le comprenne.

4.    Dressez des obstacles sur la route de votre protagoniste vers son objectif. Un exemple ? Un manager doit améliorer la cohésion de son équipe… mais deux collaborateurs sont en conflit : comment va-t-il surmonter cet obstacle pour atteindre son objectif ?

5.    Suscitez des conflits. Ils sont à la base de l’intérêt que nous trouvons aux histoires. Pour cela, faites en sorte que vos obstacles soient de vrais obstacles (et non de petites péripéties) et vos objectifs, de vrais objectifs (avec un véritable enjeu).

6.    Commencez vos scènes après le début et finissez-les avant la fin. Autrement dit, zappez les « Bonjour, je m’appelle… » et les « au revoir et à bientôt ». Plus vite vous rentrerez dans le vif du sujet, plus vite vous capterez l’attention de l’apprenant.

7.    Faites agir vos personnages. La plupart des scènes de dialogues présente deux personnages discutant face à face. En les plaçant dans leur contexte quotidien, en doublant les dialogues de gestes signifiants, vous augmentez l’impact de votre message.

8.    Favorisez les dialogues courts, les échanges brefs, les réponses du tac au tac, les discussions à bâtons rompus… Pourquoi filmer un monologue quand il est si simple de le résumer en quelques points sur un écran ?

9.    Diversifiez la mise en forme des informations que vous devez faire passer : flash back, flash forward, split screen sont autant de techniques qui permettent de donner du relief à vos scénarios.

10.    Assistez aux tournages de vos vidéos. Vous verrez les comédiens mettre en scène vos textes, vous les entendrez prononcer vos dialogues et vous prendrez instantanément conscience de ce qui fonctionne… et de ce qui fonctionne moins !

Ces indications, et bien autres, font la richesse des principaux manuels de dramaturgie tels que La dramaturgie, Yves Lavandier (édition Le clown et l’enfant), Story, Robert McKee (ReganBooks) ou encore The anatomy of story, John Truby (Faber & Faber).